Monsieur le Premier ministre, nous comprenons l'absence du ministre de l'agriculture qui défend nos intérêts à Luxembourg mais je voudrais vous interroger à propos du foncier, sujet que vous avez singulièrement ignoré lors de votre discours, il y a une semaine.
Deux fois promis par le Président de la République, absent de votre discours pour la seconde partie du quinquennat, l'inquiétude peut naître, de même qu'une certaine confusion car le ministre, devant le congrès des jeunes agriculteurs, a annoncé des décrets dans des domaines qui, selon un rapport parlementaire, devraient relever de la loi et donner lieu à des concertations avec la société civile, pour des sujets dont l'Assemblée nationale serait légitime à s'emparer.
Selon le dernier observatoire du foncier, outil créé par les SAFER – sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural – , près d'une affaire sur deux échappe complètement à la puissance publique. Le désordre atteint son paroxysme et se traduit par la libéralisation et l'accaparement des terres, ce qui est à l'origine de trois pauvretés : moins de valeur économique, moins de valeur sociale, moins de biodiversité. Il y a urgence à intervenir. Nous avons toutes les bases d'une grande loi foncière. Nous ne vous demandons pas d'agir à la hussarde, dans la confusion ou par décret mais dans la concertation, pour inscrire notre action dans le long terme, comme l'ont fait François Tanguy-Prigent, Edgard Pisani et tant d'autres illustres ministres de l'agriculture.
Nous sommes prêts à engager cette démarche d'ouverture mais elle nécessite des mesures d'urgence car, dès que l'on annonce une loi de régulation, on sait que tous ceux qui fraudent accélèrent le mouvement. Nous ne demandons pas que des décrets soient pris à la place de la loi. Nous voulons des mesures d'urgence, prises au nom des pouvoirs exorbitants de l'État, pour prévenir les mauvaises manières et empêcher une dégradation irréversible de la situation.
Nous avons besoin d'une démarche claire.
Monsieur le Premier ministre, vous n'avez pas parlé du foncier pour la seconde partie du quinquennat mais d'une nouvelle méthode, qui consisterait à écouter l'opposition, à engager le dialogue avec elle, pour tous nous rassembler. Le moment n'est-il pas venu ?