Cet amendement vise à lancer l'alerte en demandant l'établissement d'un rapport sur les externalités de la méthanisation.
Sans être défavorable à ce mode de production d'énergie, je souhaite qu'une vigilance particulière soit exercée sur les effets du digestat. Celui-ci est épandu sur les sols alors qu'il contient de l'azote soluble facilement lessivable qui, en s'infiltrant, pollue les nappes phréatiques. On y retrouve également de l'azote ammoniacal, qui au contact de l'air et du fait d'un manque de bactéries dans les sols, se transforme en oxyde d'azote (NOx), un polluant de l'air contribuant fortement au réchauffement climatique. Le manque de bactéries des sols est lui-même le résultat de l'utilisation d'engrais chimiques et de pesticides, comme nous l'ont rappelé M. Claude Bourguignon et Mme Lydia Bourguignon-Gabucci, lors d'une audition de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate.
Il faut également être vigilant quant au carbone. Certaines cultures intermédiaires telles que le maïs ou la paille de céréale alimentent les méthaniseurs, et des agriculteurs convertissent même des prairies à cette fin. Or, ces surfaces sont exclues du décompte pour l'application de la limite des 15 % de cultures à vocation énergétique ; j'y reviendrai dans un amendement en commission des affaires économiques. On déstocke donc le carbone des sols pour produire du gaz et de l'électricité. L'effet à long terme serait un manque de carbone dans les sols, matière pourtant indispensable à la production de cultures destinées à l'alimentation.