Je croyais que vous aviez dit qu'une politique en faveur du climat était incompatible avec la croissance. Or, si l'on n'est pas favorable à la croissance, cela veut dire que l'on souhaite la décroissance. À un moment donné, il faut être concret : la décroissance de l'économie s'accompagne de celle de la protection sociale, ou encore de celle du pouvoir d'achat. On ne peut pas à la fois dire, sur les ronds-points, qu'il faut augmenter le pouvoir d'achat et ici, à l'Assemblée nationale, qu'une véritable politique climatique n'est pas compatible avec la croissance, et que la politique que nous menons en la matière est scandaleuse. Il faut être le plus clair possible avec nos concitoyens, sinon on profère des mensonges – et on se ment aussi à soi-même.
Monsieur Orphelin, la baisse des émissions de CO2 en 2018 est certes liée en partie à la baisse de la consommation de chauffage du fait d'un hiver relativement doux, mais il faut tout de même éviter de verser dans l'autodénigrement et l'autoflagellation : la diminution de 27 % des émissions de CO2 dans le domaine de la production d'électricité s'explique aussi par le fait que nous avons fait tout ce qui était possible pour faire tourner moins les centrales thermiques – et nous allons continuer. Je rappelle quand même que 3 millions de tonnes de charbon sont consommées en moyenne chaque année pour les centrales thermiques, ce qui correspond aux émissions de CO2 de 4 millions de voitures. Surtout, comme je le disais en commençant, on observe une diminution de la consommation de carburant, ce qui n'est pas lié à la température extérieure.