Moi non plus je n'ai pas pris pour moi les propos de M. le ministre d'État, car je ne crois pas avoir l'habitude ni de me payer de mots ni de faire de la surenchère. La question est de savoir si on fait plus d'efforts maintenant pour arriver à la neutralité carbone en 2050 ou si l'on déporte l'effort supplémentaire sur la période 2030-2050 – ce qui est un choix possible. Je soutiens pour ma part qu'il vaut mieux se mettre en adéquation avec le rapport spécial du GIEC sur le réchauffement de 1,5 degré. Or, je vous le rappelle, ce rapport préconise une diminution de 45 % des émissions au niveau mondial en onze ans, ce qui suppose, pour un pays comme la France, de les diviser par trois d'ici à 2030. Ce n'est pas là quelque chose que nous inventons, les uns et les autres, pour nous payer de mots : c'est bien ce qui est écrit dans le rapport du GIEC.
Qui plus est, un changement très important de politique s'impose. Comme nous le disait récemment M. Jean Jouzel, un scientifique français, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 point, il faudrait multiplier les efforts de nos politiques climatiques par cinq. Il n'y a pas que la fiscalité écologique. Il est possible, par le biais de dispositifs incitatifs, de quintupler, voire de décupler l'effort et d'y consacrer 0,1 ou 0,2 point de PIB. Vous pouvez ne pas être d'accord ; mais nous avons les moyens de faire cinq fois plus, sans nécessairement passer par une fiscalité écologique : nous pouvons agir par le biais d'une fiscalité positive ou d'une amplification majeure de nos aides à la rénovation énergétique. En réalité, c'est un vrai choix politique.