Monsieur le Premier ministre, parce que vous avez fait le choix de privatiser Aéroports de Paris, des questions se posent quant à l'avenir d'autres aéroports français, notamment ceux des outre-mer. En effet, l'État est l'actionnaire majoritaire de nos aéroports ultramarins, dont la fréquentation est d'environ 8 millions de passagers par an.
En Guyane, les acteurs locaux attendent de savoir si l'État va prolonger le bail de concessionnaire de la chambre de commerce et d'industrie se terminant en 2022.
À La Réunion, en 2018, on apprenait que l'État souhaitait vendre sa part de 60 %, privatisant ainsi l'aéroport Roland Garros. Il y a deux semaines, on nous informait que le projet de cession ne serait plus d'actualité.
Dans le contexte et au regard de ces informations contradictoires, l'inquiétude grandit, le doute, légitime, s'installe. L'avenir de La Réunion et de Mayotte passera par un ancrage dans le bassin de l'Océan indien. L'ouverture aérienne sur le bassin et, singulièrement, l'Afrique, est donc un enjeu stratégique.
En effet, l'Afrique est le continent de l'avenir. Les taux de croissance s'envolent pour les pays de la côte Est : près de 4 % au Mozambique et 7 % en Tanzanie. Globalement, l'Océan indien est une zone potentielle de coopération comptant 45 États et 2 milliards de personnes. Nous souhaitons ce co-développement à l'international, qui implique certes un risque nécessaire, pour lequel l'État doit être à nos côtés.
Dans un avis de 2012, le Conseil économique, social et environnemental rappelait que « Mayotte et La Réunion [… ] ne pourront capter une part croissante de ces flux de richesse que s'ils parviennent à se mettre d'accord ensemble sur une vision commune d'un espace aérien et maritime partagé et doté des bonnes infrastructures. [… ] Ces grands projets doivent être [… ] soutenus et envisagés positivement et non craintivement car ils participent du désenclavement des territoires et de leur développement possible. »
Monsieur le Premier ministre, pour accompagner notre ambition de coopération régionale pour la France, dont La Réunion et la Guyane, pouvez-vous nous indiquer si l'État a l'intention de céder ses parts au sein de nos aéroports ?