Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du mercredi 26 juin 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Réforme de l'assurance chômage

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

… mais, disons-le avec la même force, si le travail est une valeur, la précarité est une douleur.

Votre réponse dans l'hémicycle, hier après-midi, nous a choqués profondément, car votre réforme de l'assurance chômage, guidée par les préjugés les plus éculés, parfois même par de grossiers mensonges, est d'abord une mauvaise manière faite aux travailleurs les plus précaires.

De qui parlons-nous ? Un chômeur sur deux n'est pas indemnisé et ne s'abandonne pas au confort coupable des allocations-chômage, 50 % des chômeurs touchent moins de 860 euros par mois, quatre allocataires sur dix qui travaillent vivent au-dessous du seuil de pauvreté et, si 4 % des allocataires gagnent un peu plus d'argent au chômage qu'en emploi, 40 % de ceux qui pourraient cumuler revenus d'un emploi et des allocations ne le demandent pas.

Votre réforme abîme le paritarisme dont vous avez prémédité cyniquement l'échec, abîme le débat parlementaire que vous avez décidé d'esquiver, abîme notre modèle assurantiel et le principe du salaire différé, abîme les droits rechargeables et, par-dessus tout, abîme gravement les chômeurs eux-mêmes.

Je pense à tous ceux dont vous réduisez les droits, à ces jeunes en intérim qui travaillent moins qu'ils le voudraient et qui n'auront droit ni aux allocations ni au RSA. Je pense à ces intermittents de l'emploi qui enchaînent les contrats courts – et votre réforme n'y changera rien. Je pense aux femmes précaires, à temps partiel, aux cadres de moins de 57 ans.

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