Cependant, quand une industrie présente un avantage comparatif, crée des emplois et produit une électricité qui ne coûte pas cher, on fait en sorte de préserver son potentiel, son savoir-faire et son rôle dans le pilotage du réseau français et européen. C'est justement cette énergie pilotable qui permet de maintenir la folie allemande !
Il va falloir choisir entre dénucléarisation et décarbonation : on ne peut pas poursuivre deux lièvres à la fois. Le report de l'objectif de réduction de la part du nucléaire à 50 % du mix électrique de 2025 à 2035 en est la preuve. Ce taux n'a jamais obéi à aucune analyse économique ou industrielle. C'est un engagement que François Hollande avait pris sur un coin de table, de la même manière que vous avez décidé de supprimer la taxe d'habitation pour 80 % des ménages sans réfléchir à la mise en oeuvre budgétaire de votre promesse. C'est de la tartufferie totale ! Tout le monde savait, à l'époque, que cet objectif était intenable ! En changeant de président, vous n'étiez pas obligés de garder le pire engagement que François Hollande avait pris. À coup sûr, la mise en oeuvre de cet objectif devra être reportée car il n'est compatible ni avec la trajectoire de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, ni avec notre réalité industrielle. La dénucléarisation, mes chers collègues, c'est la recarbonation.
Tout à l'heure, monsieur le ministre d'État, vous vous êtes félicité, avec un peu plus de modération qu'en commission, que le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique – CITEPA – avait estimé qu'en 2018, nous avions émis 445 millions de tonnes de CO2, soit une baisse de 4 %. Très bien ! Félicitons-nous de ce résultat ! Mais à quoi cette baisse est-elle liée ? Avons-nous développé les énergies vertes électriques ? Non. La raison principale est que nous avons eu un hiver doux. Est-ce donc le réchauffement climatique qui va nous aider à faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre ? Ce n'est pas sérieux ! La baisse des émissions de CO2 peut aussi être expliquée par la reprise des réacteurs nucléaires arrêtés l'an dernier.