Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du mercredi 26 juin 2019 à 15h00
Énergie et climat — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

En 1990, nous émettions 548 millions de tonnes de CO2. Alors que ces émissions sont restées stables pendant dix ans, elles ont baissé brutalement de 100 millions de tonnes entre 2000 et 2014, selon l'Agence internationale de l'énergie, l'AIE. Cela ne correspond pas au développement des énergies renouvelables mais à la désindustrialisation de notre pays, qui a entraîné mécaniquement une diminution des gaz à effet de serre. Nous avons délocalisé nos industries et ainsi transféré à d'autres pays, notamment à la Chine, la possibilité de polluer. Or nous ne nous battons pas contre les émissions de gaz à effet de serre de la France, mais contre le réchauffement mondial. Si notre politique conduit à une baisse des émissions en France et à une hausse de ces mêmes émissions en Chine, c'est de la tartufferie ! Bossuet disait : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Arrêtons donc de chérir les causes du réchauffement et battons-nous vraiment contre ce phénomène. La transition énergétique, oui ; la trahison énergétique, non !

Si vous souhaitiez réduire les émissions de gaz à effet de serre, vous ne proposeriez pas un objectif de diminution de la part du nucléaire dans la production électrique. Pire : vous prenez le risque de laisser dépérir cette industrie. Vous voulez ramener à 50 % la part de la production électrique d'origine nucléaire d'ici à 2035, avec l'arrêt de quatorze réacteurs de 900 mégawatts prévu par la PPE, mais vous occultez le fait que la production nucléaire devrait s'effondrer rapidement après 2040.

Un scénario de la Société française de l'énergie nucléaire s'appuyant sur la PPE montre ainsi qu'en retenant cette hypothèse de fermetures de quatorze réacteurs et en estimant la durée de vie des autres réacteurs à soixante ans, un « effet falaise » se produira durant la décennie 2040-2050, au moment où toutes les centrales entrées en service dans les années 1980 arriveront en fin de vie, ce qui réduira brutalement la capacité installée de production d'électricité nucléaire de 63,2 mégawatts à 15 mégawatts.

Un tel scénario serait lourd de conséquences. Il nous obligerait à remplacer rapidement ces capacités de production électrique perdues, dans la mesure où les scénarios de transition énergétique actuellement retenus proposent une électrification des usages qui conduira, à tout le moins, à un maintien du niveau de la demande électrique à l'horizon 2050. Comme il n'est pas envisageable de rouvrir des centrales fonctionnant à l'énergie fossile pour remplacer les centrales nucléaires qui seront hors-service, nous serons confrontés à l'alternative suivante : soit nous augmenterons encore la part des énergies renouvelables, soit nous devrons anticiper ces fermetures de réacteurs nucléaires en les remplaçant par des réacteurs de troisième ou quatrième génération. La première des options, celle d'un accroissement toujours plus important de la part des énergies renouvelables, mettrait gravement en péril la stabilité du réseau électrique français voire européen. Une augmentation sans limite de la part d'énergies renouvelables intermittentes dans le mix électrique nous expose en effet de plus en plus à un risque de black-out géant à l'échelle européenne. Une telle catastrophe engendrerait des pertes immenses pour nos économies, aujourd'hui si dépendantes de l'électricité.

Mes chers collègues, les députés du groupe Les Républicains prennent rendez-vous avec l'histoire. Souvenez-vous de cette prédiction ! Je sais bien que certaines personnes cherchent à vous rassurer en vous garantissant que le réseau peut tenir et que tout ira bien.

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