Avant de pouvoir intervenir sur le rapport vous me permettrez de faire une remarque. Nous sommes assez fréquemment confrontés à des décisions prises à Paris, sans prise en compte du contexte local sur nos territoires frontaliers. Effectivement, nos secteurs sont régis par des traités internationaux, et le processus de ratification nous dépossède de la possibilité de les amender. Pour autant, nous sommes confrontés à la réalité du quotidien, avec des habitants directement impactés, notamment par le CERN qui est en partie sur ma circonscription. Nous avons des impacts d'emprise de terrain, d'organisation des services publics. Il n'y a pas que la question du CERN, il y a l'aéroport de Genève, toutes les organisations internationales, et les fonctionnaires qui habitent en France voisine.
La question qui se pose alors est de savoir comment impliquer les députés en amont. Les Suisses, qui ont toute mon affection, savent s'adresser à notre bureaucratie centralisée mais s'amendent ainsi des intérêts de territoires environnants. Je ne diminuerai pas toute la qualité du rapport de notre collègue Bruno Fuchs, et nous sommes plusieurs experts sur la question du transfrontalier franco-suisse, mais vous comprendrez l'enthousiasme qui m'anime sur le sujet et le regret d'être contrainte dans le temps pour ce rapport.
Il est vrai que le texte que nous ratifions aujourd'hui tombe sous le coup du bon sens, la pratique étant déjà bien installée, et ce rapport vient lever un flou juridique. Il n'y a donc aucune raison de s'y opposer, le groupe La République en marche votera naturellement pour l'approbation de cet accord.
J'en profite pour parler du CERN et rappeler son importance en tant qu'organisation scientifique pour l'Europe et pour le bassin genevois sur lequel il est installé. Le CERN est un formidable outil de rayonnement scientifique pour notre continent, et M. Fuchs vous l'avez largement rappelé, il est l'exemple même d'une Europe qui fonctionne, une Europe à la pointe de la recherche fondamentale et qui est délibérément ouverte sur le monde puisque le CERN partage l'ensemble de ses découvertes avec les communautés scientifiques mondiales. Il n'est jamais question de business, le travail du CERN est uniquement basé sur un principe humaniste au service des hommes. Celles et ceux qui y travaillent et habitent à proximité savent les valeurs qui ont animé les fondateurs de l'organisation : la science au service du progrès et de la paix. La France doit être un rouage essentiel de cette machine. Nous le sommes déjà en accueillant la plus grande partie du CERN sous notre territoire. Je rappelle que ce sont 27 km de tunnels qui passent sous nos maisons pour le grand collisionneur et qu'il y a un projet de grand collisionneur de 100 km, qui passerait sous l'Ain et la Haute-Savoie. Il faut savoir que nous sommes en compétition avec la Chine, qui aurait souhaité avoir ce type d'implantation et je pense qu'il est important de rester vigilant et qu'il faut offrir cette opportunité au CERN.
L'importance du CERN pour le bassin genevois n'est plus à démontrer : grâce au CERN, ma ville de Saint-Genis-Pouilly est passée de 650 habitants en 1954 à 12 000 aujourd'hui. Vous comprendrez les enjeux d'infrastructures et d'aménagements du territoire que cela implique. Le CERN demeure le premier employeur de ma circonscription, les habitants y vivent au quotidien, l'accord que nous approuvons aujourd'hui rappelle la collaboration étroite entre la France, la Suisse et le CERN et rappelle le dynamisme économique qu'une organisation internationale permet de donner à un territoire.
Par ce vote aujourd'hui, nous rappelons notre fierté d'avoir le CERN sur le sol français et nous lui renouvelons notre confiance et lui assurons notre protection, qu'il mérite qui est indispensable à la pérennité du travail scientifique. Je me permettrai de conclure en disant que nous devons aller plus loin en aidant les organisations internationales à s'implanter sur notre territoire. La France doit être partie prenante de la Genève internationale.