Et puis je voudrais à mon tour rappeler – M. Wulfranc l'a fait et je l'en remercie – que le marché de l'électricité a tout de même une particularité : il faut en permanence faire coïncider la production et la consommation. Comme nul n'a trouvé pour le moment de mode de stockage à grande échelle, il est impossible de faire, par exemple, comme dans le marché de l'automobile où, en cas d'excès de production par rapport à la demande, on peut stocker les véhicules. Les constructeurs automobiles n'aiment pas trop les stocks, mais ils peuvent en faire ! L'électricité, elle, ne peut être stockée. Et si jamais, a contrario de l'exemple précédent, la demande est supérieure à l'offre, il ne suffit pas d'« allumer » une centrale nucléaire pour y répondre immédiatement !
Les députés qui vantent beaucoup les mérites du nucléaire savent bien, au-delà même de toute considération sur les risques, qu'une centrale nucléaire ne peut pas s'adapter très rapidement aux variations de la demande. J'entends souvent parler de la variabilité de la production s'agissant des énergies renouvelables intermittentes, mais il y aussi une variabilité de la consommation. Et pour chaque pic de consommation, il faut avoir d'autres capacités en soutien du parc nucléaire.
Le Gouvernement partage à cet égard la préoccupation qui a été rappelée par M. Colas-Roy, par M. Thiébaut et par M. Wulfranc : il s'agit d'être réaliste sur l'équilibre entre l'offre et la demande. Et, je le répète, dans le domaine de l'énergie, cet équilibre ne peut se trouver en un an, deux ans ou trois ans : seule une programmation sur dix ans peut permettre à la fois de mener à bien la transition énergétique et de maintenir la sécurité d'approvisionnement en électricité.