Deuxièmement, je rappelle que certains pays prolongent leurs centrales nucléaires au-delà de quarante ans. Que cela n'ait pas été prévu à l'origine ne signifie pas que c'est impossible. Les États-Unis les prolongent jusqu'à soixante ans et même davantage.
Troisièmement, il ne faut pas confondre sûreté et sécurité. Nous parlons bien ici de sûreté nucléaire. La sécurité consiste à éviter les attentats terroristes et n'a rien à voir avec le travail de l'ASN.
Quatrièmement, il ne faut pas confondre le danger et le risque. Lorsque vous embarquez dans un avion, c'est dangereux : vous vous trouvez dans un objet plus lourd que l'air, et pourtant vous volez. Toutefois, ce n'est pas très risqué, car le nombre d'accidents d'avion est bien inférieur au nombre d'accidents de la route.
On confond souvent risque et danger. En matière d'énergie nucléaire, le rôle de l'ASN est de limiter non le danger mais le risque, et d'indiquer les précautions à prendre pour éviter qu'un accident ne se produise. De ce point de vue, le rapport qu'elle publie chaque année démontre que le risque est maîtrisé.
S'agissant du coût du grand carénage – je reprends le chiffre de 100 milliards d'euros avancé tout à l'heure par M. Lachaud – , il est semblable à ce que nous prévoyons d'investir, sur vingt ans, pour porter la part de l'éolien dans la production d'électricité à 15 %, sans que cela ne gêne personne.
En revanche, 100 milliards, sur vingt ans, pour produire 75 % de notre électricité grâce à l'énergie nucléaire, soit une proportion cinq fois supérieure, on estime que c'est trop cher ! À un moment donné, il faut rapporter les coûts à la production d'électricité.
S'agissant des déchets nucléaires, il est faux d'affirmer que nous n'avons pas de solution. Nous avons un projet, dont nous débattrons dans quelques années : le projet Cigéo. Qu'on arrête ou non les centrales nucléaires, les déchets sont là. Il faut donc déconnecter les deux problèmes.
Pour ma part, j'estime qu'il faut prévoir un niveau plancher d'énergie nucléaire. Le nucléaire bas de plafond n'est pas une solution. En tout état de cause, il faut un plancher et des murs pour que la stratégie industrielle de la France assure notre indépendance énergétique.