Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 28 juin 2019 à 15h00
Énergie et climat — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Nous avons déjà évoqué, depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir, le CETA – Comprehensive Economic and Trade Agreement – , dont nous débattrons au mois de juillet, et le JEFTA – Japan-EU free trade agreement. Voici à présent le traité avec le MERCOSUR !

Nous estimons que le libre-échange pose un problème logique de base, car il amène à encourager le grand déménagement du monde absolument partout et à augmenter de fait les émissions de gaz à effet de serre.

Monsieur le ministre, vous affirmiez avant-hier, à propos du CETA : « Si nous ne pouvons pas commercer avec le Canada, je ne sais pas avec quel autre pays du monde nous pourrons le faire ».

Eh bien, nous le faisons avec le Brésil d'extrême-droite, qui détruit la forêt amazonienne et pourchasse les populations indigènes. Vous rendez-vous compte du symbole que représente l'adoption d'un texte intitulé « Énergie et climat » au moment même où les négociations avec le MERCOSUR aboutissent ?

Voilà à quoi se résume le texte : des beaux mots ! On inscrit dans la loi l'urgence écologique et climatique mais, hormis une avancée sur les centrales à charbon, dans les actes, le concret, il n'y a absolument rien. Ce texte est ridicule à l'aune de l'urgence écologique et climatique dans laquelle nous nous trouvons !

Même les dispositions concrètes, telles que la rénovation énergétique des logements sont ridicules, tandis que le Haut conseil pour le climat pointe du doigt l'important retard de la France face à l'urgence écologique.

Je rappelle tout de même qu'Emmanuel Macron avait inclus dans son programme électoral l'interdiction de la mise en location des passoires thermiques en 2025. Le texte la repousse à 2028, et encore, il s'agit d'une fausse interdiction ! Sur ce point, nous n'y sommes pas du tout.

S'agissant de la lutte contre les usages inutiles d'énergie, nous avons proposé d'interdire les panneaux publicitaires lumineux. Rien du tout ! En matière d'efficacité et de sobriété énergétiques, qui doivent être la priorité de la politique énergétique, nous n'y sommes pas non plus !

Ce texte ne résorbe en rien la folie nucléaire. De surcroît, il ne ferme pas la porte à d'autres programmes nucléaires. Or il s'agit d'une énergie du passé, qui empêche le développement des énergies renouvelables, car l'énergie nucléaire est devenue un puits sans fond.

Par ailleurs, l'énergie nucléaire n'est pas résiliente au changement climatique. Comme les réacteurs doivent être refroidis en permanence, lorsqu'une sécheresse surviendra, et que le niveau du Rhône – par exemple – baissera, vous aurez des problèmes !

En outre, le projet de loi aggrave encore la dérégulation du marché de l'énergie et fragilise les tarifs réglementés, que vous finirez probablement par supprimer, au détriment des Français et des Françaises, qui continueront à payer plus cher pour faire vivre la concurrence, tout en subissant une baisse de la qualité du service. En somme, on pourrait dire que la concurrence par le marché n'a pas fonctionné, et que vous organisez donc la concurrence pour le marché !

Surtout, il résulte de l'ouverture à la concurrence que ce sont les multinationales qui gèrent la transition écologique, et non un pôle public fort, permettant une planification écologique de ce que nous devons faire en matière de ce bien commun qu'est l'énergie.

Quant à l'examen du texte, il a été caractérisé, il faut bien le dire, par votre attitude méprisante, monsieur le ministre d'État.

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