Nous fonctionnons comme toutes les fondations, associations ou entreprises sur la base de plans à cinq ans. Pour la période 2019 à 2023, nous nous attachons plus particulièrement à développer trois axes.
Premièrement, il s'agira de consolider ce mode d'accueil que nous trouvons intéressant dans sa singularité, mais qui reste perfectible.
Nous souhaiterions que les formations des éducateurs. soient ouvertes sur l'extérieur, soit avec des collègues de la protection de l'enfant, soit même avec des fonctionnaires territoriaux des départements, dans la mesure où nous partageons des problématiques similaires et que nous avons besoin parfois de comprendre les intérêts de chacun.
Eduquer ces enfants nécessite de prendre des risques éducatifs . Il convient donc de définir entre les départements et les acteurs de la protection de l'enfance le cadre dans lequel on prend un risque partagé.
Notre prise en charge éducative est la plus globale possible. Nous nous intéressons aux questions culturelles – en particulier, autour de la lecture –, au sport et, à partir de cette année, aux enjeux écologiques puisque nos villages sont des lieux éducatifs. Dans le cadre du cycle alimentaire, nous devons apprendre aux enfants à se nourrir avec des produits de qualité, à trier, à faire attention aux déchets, etc. Parallèlement, nos villages eux-mêmes doivent être plus vertueux au plan écologique. C'est ainsi que le prochain village que nous livrerons en 2021 à Sablons, en Gironde, sera un écovillage d'enfants à énergie positive. Nous devons absolument progresser sur ces questions et être force de proposition.
Le deuxième axe vise à mieux accompagner les parcours des enfants.
Actuellement, lorsque les jeunes rencontrent des difficultés, on les change d'établissement. Nous voudrions renverser cette logique et adapter le système aux enfants pour éviter de les déplacer et favoriser la stabilité des enfants dans les établissements. Généralement, ces enfants connaissent deux parcours : les premiers auront la chance de retourner en famille, les seconds resteront dans nos établissements pendant des durées relativement longues. À ce titre, deux objectifs sont majeurs : stabiliser les enfants dans leur environnement et traiter la sortie de placement, qui est un sujet d'actualité.
Nous avons mis en place un service qui s'appelle « Action plus », financé par les donateurs et les entreprises qui nous accompagnent. Il permet de poursuivre de façon inconditionnelle l'accompagnement individualisé de ces jeunes, un accompagnement qui les responsabilise, qui les accompagne vers le droit commun, sans condition d'âge, mais à la condition qu'à leur sortie de placement, ou quelques mois, voire quelques années après la sortie de placement, ils aient envie d'entrer dans un système contractuel avec nous. Il s'agit d'un système de réciprocité : nous nous engageons à leur apporter des choses et eux s'engagent à respecter un ensemble de choses. Un tel dispositif est intéressant, tant pour des jeunes qui veulent poursuivre des études longues que pour des jeunes fragiles, qui sortent du placement sans avoir un capital social de très bon niveau. Dès cette année, nous allons renforcer ce dispositif en recrutant sept personnes supplémentaires pour accompagner les 70 à 80 jeunes que nous suivons à la sortie de placement.
Troisième axe stratégique : si nous voulons accompagner ces jeunes dans la durée, tout au long du parcours, il nous faut aussi étoffer nos modes d'accueil. C'est ainsi que nous développons des modes d'accueil un peu nouveaux pour la fondation, utiles pour maintenir ces jeunes en placement.
À cet égard, je citerai un dispositif expérimental que nous avons élaboré avec le département de l'Essonne, et qui va ouvrir ces prochains jours. Il s'agit d'un dispositif d'accueil de jour médico-social, qui fonctionne en partenariat avec une pédopsychiatre et qui est destiné à des enfants qui rencontrent des troubles divers face auxquels les équipes éducatives des villages sont quelque peu démunies. Il s'agit d'un accueil de jour, d'une observation, d'une préconisation de soins, d'un lien avec les structures extérieures.
Le deuxième mode d'accueil nouveau pour nous s'adresse à des jeunes qui traversent des crises, connaissent des situations extrêmement complexes et rencontrent parfois des difficultés pour suivre une scolarité. Nous mettons en place avec le département d'Indre-et-Loire des dispositifs d'accueil spécifique pour ces jeunes. Ils peuvent être temporaires et s'adressent à des jeunes qui viennent des villages ou d'autres établissements de la fondation.
Le troisième nouveau mode d'accueil qui nous intéresse beaucoup passe par le placement à domicile, pensé comme un retour en famille. Lorsque se présentera une perspective de retour en famille, nous voulons travailler avec l'équipe éducative sur la possibilité du retour en famille et la possibilité du repli si cela ne se passe pas très bien. Toujours avec le département d'Indre-et-Loire, nous élaborons plusieurs modules d'accueil, dits de placement éducatif à domicile (PEAD), mais il s'agit de placement à domicile.