Je vous répondrai sur le bénévolat. Il faut tout un village pour éduquer un enfant. On ne peut pas grandir dans des mondes professionnels, on ne peut pas être en permanence dans des relations tarifées : les enfants ont leurs instituteurs, leurs éducateurs. J'ai eu l'opportunité d'accueillir une petite fille de sept ans pendant les vacances à titre bénévole. Sa première question a été : « Est-ce que t'es payé pour t'occuper de moi ? » La question de la gratuité en éducation n'est pas un petit sujet.
Sur les besoins, je citerai un exemple très concret. Comment mes enfants ont-ils trouvé leur stage de troisième ? Ils m'ont dit vouloir faire un stage chez un avocat, on a fait appel aux réseaux. Comment cela se passe-t-il pour un enfant placé ?
Nous allons ouvrir avec le département de l'Aisne un fonds de dotation territoriale « sortie de placement » sur la base d'une collecte pour disposer d'un certain nombre de moyens avec les entreprises et les donateurs du département. Plus important, des chefs d'entreprise, des associations, des bénévoles demandent ce qu'ils peuvent faire. Je travaille à la fondation depuis dix ans. Dans les dîners chez des amis, on me questionne sur mon travail. Après avoir raconté trois histoires, tous me demandent comment ils peuvent faire pour nous aider.
Au Sénat, nous avons abordé la question du bénévolat. Pourquoi ne pourrait-on pas imaginer des familles d'accueil qui recevraient des enfants le week-end ? Pourquoi ne renforcerions-nous pas le parrainage ? Pourquoi des entreprises ne nous proposeraient-elles pas de prendre les enfants placés en apprentissage ou en stage ? Il suffit de mobiliser cette ressource et de l'organiser. La question des bénévoles tient en cela. Il ne s'agit surtout pas de remplacer des salariés par les bénévoles, mais d'apporter un plus.
Nous disposons aujourd'hui de dix équipes de 18-21 ans. Cinq viennent des Scouts et Guides de France. Dix équipes passeront une semaine dans chaque village d'enfants pour organiser des animations pour les enfants qui sont coincés pendant toutes les vacances dans le village. Il y aura des feux de camp, des jeux, etc., pour un coût nul. L'intérêt réside dans le caractère intergénérationnel entre enfants et jeunes étudiants.
Pour la deuxième année consécutive, nous mettons en place « Action Enfance fait son cinéma ». Des étudiants d'écoles de cinéma vont tourner de petits films. Ils écrivent des scénarios et font jouer les enfants avec du matériel professionnel. C'est un projet extrêmement positif et intéressant. La remise des prix au Grand Rex aura lieu lundi prochain. Cette action produit un lien d'une grande puissance entre les gosses et ces étudiants en raison de la gratuité qui préside aux relations.
Vous vous souvenez tous de professeurs, d'instituteurs ou d'accompagnateurs sportifs. Ceux qui vous ont le plus marqué sont ceux qui vous ont consacré gratuitement du temps dans le cadre des classes vertes, des sorties, des échanges.
La question de la gratuité en éducation n'est pas neutre. Certes, on tâtonne, c'est compliqué mais on avance avec les professionnels et les bénévoles.