Sur la question des partenariats, nous évoquions plutôt des partenariats locaux, car au niveau national il existe des instances où nous pouvons être entendus et participer. Nous pensions donc davantage à des partenariats locaux ou à des outils locaux qui nous permettraient d'agir ensemble par un cofinancement avec les départements. Au niveau départemental, très peu d'instances existent où nous pouvons nous retrouver entre acteurs de la protection de l'enfance, sous l'autorité que peut être le département pour parler de politique générale. Nous nous retrouvons, certes, à intervalle régulier, lors du débat du schéma départemental, mais c'est fait avec plus ou moins de méthode. Parfois, nous sommes assez peu entendus ; d'autres fois, au contraire, les départements sont très impliqués. Mais il n'existe pas d'instances départementales où évoquer les besoins quantitatifs ou qualitatifs.
Par ailleurs, d'un point de vue opérationnel, comment financer les sorties de placement ? Par des financements publics ? Dans les débats actuels, je suis horripilé quand j'entends qu'il faut toujours plus d'argent public pour faire tout un tas de choses. Certes, les projets revêtent un coût, mais peut-être pourrait-on explorer des pistes pour optimiser les financements existants. Par ailleurs, l'idée d'associer les donateurs serait intéressante.
S'agissant de la formation, deux points nous posent difficulté. La plupart de nos éducateurs sont diplômés, notamment les éducateurs spécialisés. Dans le cadre des formations d'éducateurs spécialisés ou d'autres d'ailleurs, la spécificité de l'accueil en village enfants est peu prise en compte. C'est un point de vue que nous partageons avec SOS Villages d'enfants.
Nous avons édité un livret intitulé Repères dans l'accueil de type familial. Il s'agit d'un référentiel qui explique comment est conçu l'accueil des enfants dans les maisons en village d'enfants. Nous accueillons de nombreux jeunes diplômés, beaucoup de jeunes éducateurs ou éducatrices. Ils ont parfois une vision un peu théorique des choses et mettent du temps à intégrer la façon dont nous accueillons les enfants. Par exemple, un éducateur doit faire la cuisine avec les enfants dans la maison. Or, pour des jeunes de 22, 23, 24 ans, le problème est de faire la cuisine et des repas équilibrés. Or, les jeunes diplômés, selon qu'il s'agit de filles ou de garçons, se nourrissent différemment. Il convient de les former à cet aspect qui n'est pas abordé dans les écoles de travail social.
J'observe que nous avons parfois du mal à nous entendre avec nos correspondants dans les départements dans la mesure où ils ne connaissent pas toujours très bien la singularité de la prise en charge des enfants car on ne peut généraliser. La singularité de la protection de l'enfance tient à la diversité et à la complémentarité des modes d'accueil. Cela nécessite que les dispositifs départementaux aient une vision assez fine sur la manière d'accueillir les enfants et les divers modes d'accueil.
S'agissant de l'expérimentation médicosociale qui doit se dérouler en Île-de-France, dans l'Essonne, on pourrait penser qu'il n'existe pas de problèmes d'accès aux soins. Or, il en existe, parce que les centres médicopsychologiques notamment sont surchargés. Dans le cadre des discussions que nous avons engagées avec le département et avec une pédopsychiatre, nous avons pensé qu'il serait intéressant de mettre en place un dispositif expérimental, financé intégralement par le département de l'Essonne alors que cela pourrait relever de l'agence régionale de santé (ARS). Le département nous a dit avoir besoin d'un porteur de projet. Dans la mesure où nous sommes intéressés, nous portons le projet qui emporte le projet immobilier. Nous portons surtout le projet des professionnels puisqu'il s'agit d'une équipe pluridisciplinaire qui réunit des éducateurs, des infirmières et des enseignants. Dans le cadre de l'accueil de jour, cette équipe procédera à des observations. Si cela vous intéresse, nous vous inviterons avec plaisir, mais laissez-nous travailler quelques mois pour en mesurer les effets car c'est une première !