J'en viens à la question de la maltraitance. Cette question motive la présence de quatre éducateurs dans les maisons qui travaillent sous le regard de l'autre. Sur une équipe de deux éducateurs, le premier assure le travail de nuit plusieurs jours consécutifs, un autre vient sur les temps forts de la journée.
Nous avons eu à connaître des situations dramatiques dans des villages d'enfants, une en particulier qui a fait énormément évoluer notre regard sur l'évolution des enfants, les difficultés de placement et sur ce que l'on demandait aux éducateurs sur des durées très longues de travail. C'est encore le cas de villages d'enfants où on travaille huit jours consécutifs, la situation produisant des maltraitances. L'une de nos réponses a donc consisté à employer deux éducateurs sur des temps importants de la journée, de 16 heures à 22 heures. Par ailleurs, nous avons sensibilisé les équipes, notamment des cadres, sur les sujets de la maltraitance et de la parole des enfants.
Nous observons une augmentation importante des agressions à caractère sexuel entre enfants – et entre enfants jeunes – de huit ou dix ans, renvoyant à la question de la vie affective et sexuelle. Deux sujets ne sont pas abordés aujourd'hui alors qu'ils sont structurants parce qu'ils touchent, d'une part, à la vie affective et sexuelle ; d'autre part, à la vie spirituelle, à la religion et à la vie intérieure. Ces deux champs ne sont pas traités ni même abordés par les éducateurs. Nous renvoyons de nouveau à la formation. Actuellement, les éducateurs font preuve d'une distance et d'un respect mal adaptés. Un exemple : une jeune fille de 13 ans a eu des relations sexuelles au collège. Le collège a appelé. J'ai dialogué alors avec les éducateurs qui m'ont dit avoir appelé le médecin, les services du Planning familial, etc. J'ai alors demandé à l'éducatrice si elle avait dit personnellement à la jeune fille ce qu'elle pensait du fait d'avoir des relations sexuelles à 13 ans. C'est là que l'on touche à la question de la formation. On ne peut pas grandir avec des professionnels, on ne grandit qu'avec des personnes.