Concernant la place des enfants, en lien avec la formation des travailleurs sociaux, je ne saurais vous répondre sur les modalités de révision de la formation des travailleurs sociaux, mais je peux témoigner d'expériences intéressantes à Mulhouse avec l'école de travail social. Cette dernière nous a sollicités pour participer à la construction de formations auprès des travailleurs sociaux. Nous nous sommes permis de le faire avec des familles, car il s'agissait de travailler avec elles. Des colloques avaient eu lieu durant l'année, au cours desquels différents sujets étaient abordés, mais aucune famille n'était impliquée ou présente. Nous avons donc emmené des familles pour répondre finement aux besoins qu'elles exprimaient puis construire des compétences autour de ce constat.
En outre, la place des enfants est multiple dans les établissements et les Apprentis d'Auteuil travaillent dans une logique que nous avons nommée « penser, agir ensemble ». À tous les niveaux, nous nous donnons les moyens d'impliquer les jeunes et les familles dans nos actions – dans la fête de fin d'année, comme dans le fonctionnement de l'établissement et les règles qui le régissent, si possible en désinstitutionnalisant la démarche. Le CVS est un beau lieu, mais il est compliqué à faire fonctionner : une telle instance ne parle pas aux jeunes ; le président en est, souvent, le directeur d'établissement ; ce n'est donc pas accessible.
Il faut impulser ce changement et le faire vivre, mais sans le dire car les institutions doivent être des lieux de parole pour tout le monde. Leurs portes ne peuvent plus être fermées aux familles. Elles ont le droit d'être là. Certaines choses sont réglementées et nous les respectons, bien évidemment. En changeant la place des uns et des autres, on va faire évoluer l'action sociale et les pratiques éducatives. Il y a cinquante ans, les familles étaient à la porte des établissements. Il était hors de question qu'elles aient un mot à dire. Nous ne pouvons plus nous permettre de penser comme cela : ce ne sont plus les mêmes enfants, ni les mêmes besoins, ni les mêmes familles. Le changement est donc nécessaire et urgent.