Je répondrai à votre question sur la cuisine et les normes. Actuellement, dans l'accueil en protection de l'enfance, nous ne développons plus de projets avec des cuisines collectives car cela ne nous permettrait pas d'apprendre à l'enfant à gérer son quotidien. Or cette gestion est aussi un gage d'adaptation et d'insertion. Nous nous soucions certes de son insertion professionnelle, mais aussi de son insertion sociale et de sa capacité à savoir faire des choses. En conséquence, nous développons des unités de vie suffisamment petites – de moins de dix enfants – régies par d'autres types de normes. Cela nous permet de faire la cuisine sur place et de décloisonner les fonctions éducatives : l'enfant n'est pas uniquement accompagné par des éducateurs spécialisés, mais également par des maîtresses de maison, tout aussi concernées par son éducation, même si elles n'ont pas la même technicité. Tous ces adultes ont les mêmes objectifs : l'éducation de l'enfant, le faire grandir et le « faire avec ». Ces objectifs doivent être partagés par tous les corps professionnels – surveillants, maîtresses de maison, éducateurs spécialisés. La fongibilité n'est pas simple car les professionnels s'accrochent à leur titre et à leurs études – ce qui est normal. Ils doivent utiliser leur technicité, leur savoir-faire dans certaines situations, mais également au quotidien. C'est essentiel.