Les associations peuvent effectivement nous aider. Réussir à objectiver la prévention et l'investissement social serait vraiment une bonne chose. Je ne peux donc que vous encourager à le faire et je serai ravi, avec les moyens dont je dispose, de vous y aider.
Il faut faire de la prévention et nous travaillons actuellement autour de l'idée des « mille premiers jours » de la vie. Il n'y a pas encore de consensus sur ce que sont ces mille premiers jours mais, à ce stade, je considère qu'il s'agit de la période qui va du quatrième mois de grossesse aux deux ans de l'enfant. Les neurosciences ont prouvé que c'est au cours de ces mille premiers jours que tout se joue : c'est là que se jouent la santé et le développement de l'enfant, et c'est là que peuvent se creuser les inégalités sociales. Boris Cyrulnik dit que les inégalités sociales sont dans le ventre de la mère – et il ne s'agit pas de culpabiliser cette dernière. Tout ne se joue certes pas là, mais beaucoup de choses se jouent là.
Je vous rappelle que le projet politique du Président de la République et de la majorité, à laquelle vous appartenez toutes trois, mesdames les députées, est de lutter contre les inégalités de destin, or beaucoup de choses se jouent au début de l'existence. De nombreuses choses se jouent aussi à l'école : c'est pourquoi M. Jean-Michel Blanquer a introduit le dédoublement des classes.
Nous voulons surinvestir sur les mille premiers jours de l'enfant et nous sommes en train de réfléchir à un parcours. Je me suis rendu en Finlande il y a peu, j'ai observé leur système et je souhaite m'en inspirer. Au quatrième mois de grossesse, les parents appellent l'équivalent de la PMI locale et ils entrent alors dans un parcours qui, jusqu'aux deux ans de l'enfant, les amène à rencontrer quinze professionnels différents. Au cours de ces rendez-vous, auxquels le père assiste parfois, il est question de la santé de l'enfant, mais pas seulement : il est également question de son développement, des questions éducatives et des relations familiales. On organise aussi des visites à domicile, parce qu'on sait que le développement de l'enfant dépend beaucoup de l'environnement dans lequel il grandit. Nous voulons nous inspirer de ce modèle.
Le Président de la République souhaite que ce projet repose sur des bases scientifiques solides, car cela provoquera un véritable changement de société. Nous réfléchissons à l'idée de créer un comité scientifique, réunissant des pédopsychiatres, des neurologues et des praticiens de terrain français et étrangers pour disposer d'un vrai soubassement scientifique et construire un vrai parcours pour les parents.
Ce projet fera intervenir de nombreux acteurs en contact avec la petite enfance : la PMI en fera partie, au côté des libéraux et des CAF… La PMI est un bel outil, même si elle rencontre des difficultés dans certains territoires et si elle est parfois remise en cause. L'une de vos collègues, Mme Michèle Peyron, nous a remis un rapport sur la PMI il y a une dizaine de jours. Je vous rappelle qu'il s'agit d'une compétence départementale. L'État a l'intention d'accompagner les départements pour faire de la PMI un acteur important de cette politique de prévention. Il est par exemple envisagé de dégager du temps médical par un système de délégation : certaines tâches pourraient être déléguées par les médecins aux infirmières puéricultrices. C'est ce qui vous sera proposé dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale dans quelques mois.
Mme Michèle Peyron suggère aussi de procéder au transfert des agréments : nous devons expertiser cette proposition et nous allons demander à l'Inspection générale des affaires sociales de nous dire dans quel cadre et selon quelles modalités cela pourrait se faire. Pour l'instant, nous n'avons pas de certitude, mais le fait est que, dans certains départements, les médecins consacrent 30 % à 40 % de leur temps à ces questions. Il faudrait également améliorer leur articulation sur le territoire avec les autres professionnels de santé, dans l'esprit des communautés professionnelles territoriales de santé, dont vous avez débattu lors de l'examen du projet de loi relatif à l'organisation et à la transformation du système de santé.
Vous m'avez interrogé sur les salaires : ce n'est pas moi, ce n'est pas l'État qui fixe les salaires que les associations ou les départements versent à leurs travailleurs sociaux.