Les réseaux sociaux n'échappent pas à la règle. Je me souviens de l'époque où, étudiant, j'assistais à leur émergence. Myspace, Friendset, Facebook, puis Twitter, Instagram et bien d'autres : ces nouveaux vecteurs de communication semblaient alors promettre de nouveaux horizons de sociabilité et d'échange ; de fait, ils ont permis de nombreux partages d'expériences et de savoirs.
Mais les réseaux sociaux ont également, très vite, donné à voir les faces les plus sombres de l'âme humaine : il suffit aujourd'hui de quelques instants sur Twitter, Youtube ou Facebook pour y trouver menaces de mort, injures homophobes, racistes, antisémites – jusqu'à la diffusion en direct de la tuerie de Christchurch, il y a quelques semaines. Cette vidéo insoutenable, visionnée 4 000 fois avant d'être signalée, a été republiée 1,5 million de fois dans les heures qui ont suivi.
Ces chiffres abyssaux donnent le vertige. Ils disent tout de la responsabilité particulière qui pèse sur les réseaux sociaux, mais aussi de l'urgence qui impose de juguler au plus vite – et parfois automatiquement, hélas – la propagation des contenus les plus dangereux. Mais ils nous invitent aussi à un autre constat : celui de la responsabilité individuelle des personnes qui déversent ces flots de haine, ces agressions odieuses qui blessent, parfois jusqu'à l'irréversible, jusqu'à l'irréparable. Et c'est par cet aspect, mesdames et messieurs les députés, que je voudrais commencer.
Si les plateformes ont bien, en effet, une part de responsabilité dans la viralité des contenus qu'elles hébergent et eu égard à la taille des agoras qu'elles représentent, nous devons garder à l'esprit que la haine en ligne relève d'abord de la responsabilité individuelle. En la matière, nous devons nous laisser guider par un principe simple : la loi doit s'appliquer en ligne comme dans la vraie vie.