Intervention de Cédric O

Séance en hémicycle du mercredi 3 juillet 2019 à 15h00
Haine sur internet — Motion de rejet préalable

Cédric O, secrétaire d'état chargé du numérique :

Il y a 15 000 ou 20 000 modérateurs chez Facebook : ce qui est certain, c'est que nous n'allons pas embaucher 15 000 ou 20 000 personnes pour faire le travail à leur place. En revanche, nous vérifierons sur pièces et sur place que les plateformes le font. D'ailleurs, la rapporteure a beaucoup insisté sur le fait que les retraits ne devront pas être excessifs.

Le second reproche porte sur la dimension technologique. C'est un vrai sujet. Toutefois, seul le recours à la technologie a permis de retirer la vidéo de l'attentat de Christchurch, qui a été postée 1,5 million de fois en vingt-quatre heures. Nous sommes parfaitement conscients du risque de surcensure que vous avez évoqué. C'est pourquoi nous devons garantir une approche équilibrée. Mais une partie des contenus sera retirée par des moyens technologiques. Nous n'avons pas le choix : vous le savez vous-même, vous pouvez être la cible en une heure d'une tempête de 1 000 commentaires insultants sur internet ; les retirer autrement qu'en recourant à la technologie est humainement impossible.

S'il faut s'efforcer de maintenir le plus possible le facteur humain dans le processus, l'approche technologique est donc indispensable. Le régulateur devra néanmoins vérifier – cet aspect est au coeur de la démarche qui nous incombe – que les moyens utilisés, y compris l'algorithme, permettent de garantir un équilibre ; il doit donc en avoir la capacité technique, j'en ai tout à fait conscience.

Si, pour une fois, nous ne nous opposons pas quant aux objectifs, nous ne devons pas oublier que nous avons une obligation de résultat. Les premiers à souffrir de la haine en ligne sont souvent les plus faibles. J'étais la semaine dernière l'invité du Rico Show, émission diffusée sur NRJ de vingt heures à vingt-trois heures et qui donne la parole aux auditeurs. Un jeune homosexuel, Ethan, qui habite dans le Nord, a témoigné du cyberharcèlement dont il fait l'objet de la part de connaissances.

Les enfants des catégories aisées ne sont pas épargnés par ce problème, mais leurs parents sont bien informés. Je le répète : les premiers à souffrir de la haine en ligne sont souvent les plus faibles. Il faut bien sûr trouver la ligne de crête entre liberté d'expression et protection – nous pourrons revenir sur cette question au cours du débat : je pense que nous la tenons. Nous avons toutefois, je le répète, une obligation de résultat.

Vous l'aurez compris, je suis défavorable à la motion de rejet préalable.

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