Au nom de la France Insoumise, je remercie Mme Corinne Vignon et l'ensemble du groupe qui nous présentent ce rapport. Je le dis d'autant plus volontiers que d'autres travaux m'ayant tenu à distance de ce groupe de travail, j'apprécie le travail exhaustif réalisé par ce rapport.
L'âge de départ à la retraite pose la question de l'emploi et du chômage aux deux extrémités de la vie active. D'un côté, des jeunes qui ont des difficultés à s'insérer sur le marché de l'emploi, de l'autre des seniors qui parfois, à plus de soixante ans et alors qu'ils ont pour la majorité d'entre eux 40 annuités, sont maintenus au chômage avec toutes les difficultés que cela suppose en termes de retour à l'emploi.
Deux arguments d'autorité sont souvent servis par le Gouvernement qui justifieraient cette réforme des retraites. Le premier, vous le connaissez, dans la mesure où nous vivons plus longtemps, il faudrait travailler plus longtemps alors que précisément c'est parce que l'on travaille moins longtemps dans la semaine et dans la vie que l'espérance de vie en France a augmenté. Selon le second argument, 42 régimes de retraite étant un élément de complexification, il conviendrait de simplifier le système. Nous avons vu ce que donnait la simplification du code du travail, de l'école, de l'hôpital public, de l'assurance chômage. Aussi émettons-nous quelques réserves sur le sens de la simplification. La retraite par points ne signifie pas plus de visibilité pour les futurs retraités. Au contraire, dans la mesure où la valeur du point pourra être modulée au cours de la carrière, la retraite par points ne permettra pas de connaître le montant de la pension au moment de la retraite.
Par ailleurs, j'appelle votre attention sur le fait qu'instaurer un âge pivot de 64 ans revient à reculer sans le dire l'âge de départ à la retraite à 64 ans en créant les conditions pour que l'âge légal de 62 ans ne soit plus que théorique.
En outre, l'idée selon laquelle une retraite par points qui permettrait à tous de partir de la même ligne de départ en accumulant des points dans sa besace serait par nature égalitaire n'est pas vérifiée dans la mesure où M. Delevoye nous dit que la valeur du point pourrait être fonction de l'espérance de vie de la génération en cours. Au sein d'une même génération, des écarts d'espérance de vie persistent. Entre les 5 % les plus riches de ce pays et les 5 % les plus pauvres, l'écart est de treize années d'espérance de vie. Entre les cadres et les ouvriers, l'écart est en moyenne de six ans. À cette heure, toutes ces questions ne sont pas résolues et font donc tomber l'essentiel des arguments qui justifient cette réforme des retraites selon le Gouvernement.