Je présente mes excuses à mes collègues corses, pour qui j'ai la plus grande amitié, voire de l'affection. Je ne crois pas les avoir offensés en les qualifiant d'indépendantistes, mais ils sont effectivement autonomistes : chacun est ce qu'il est et doit être désigné par son nom.
Par ailleurs, je ne doute nullement de la qualité des intentions de ceux qui se sont prononcés contre ma motion de rejet. J'entends parfaitement les arguments que vous avez avancés, chers collègues. Vous êtes persuadés que cette proposition de loi est favorable à l'identité communale. Pour ma part, je ne le pense pas, et je crois que nous sommes engagés dans un processus plus ample.
Monsieur le ministre, vous avez reconnu tout à l'heure qu'il y avait un problème : on a constamment voulu faire grand. Cela a donné la métropolisation. On a toujours avancé les mêmes arguments, notamment celui d'une plus grande efficacité. Mais en réalité, c'est une autre manière d'organiser la vie des gens : on rationalise en concentrant les moyens et les lieux auxquels on peut accéder, autrement dit en suppriment des annexes de toute sorte qui sont pourtant une nécessité vitale pour de nombreuses personnes.
Cette question est d'ailleurs abordée dans la proposition de loi. Vous dites que l'on aura le droit de garder ouvertes certaines mairies annexes, plutôt que de les maintenir toutes ou de les fermer toutes. Cela signifie tout de même que beaucoup d'entre elles seront fermées, ce qui réduira le confort élémentaire de beaucoup de gens lorsqu'ils souhaitent accéder aux services communs.
Le gigantisme ne consiste pas seulement à voir grand, il obéit à une logique : c'est une forme d'organisation, de rationalisation et de rentabilisation de la vie en commun.
Sur ce point, nous sommes d'accord, monsieur le ministre. J'espère que nous nous retrouverons aussi par la suite lorsque nous évoquerons le droit à la différenciation. Vous dites que ce n'est pas le sujet du jour, mais si ! Je comprends que l'on ne partage pas mon avis, mais c'est bien de cela que nous parlons : de texte en texte, progressivement, la loi et les structures administratives cessent d'être les mêmes partout. Et refuser cela n'est pas faire preuve d'un attachement au passé. Je ne parle d'ailleurs pas du passé.
Monsieur le ministre, vous avez oublié de me faire un reproche : lorsque j'ai évoqué les racines révolutionnaires de la patrie, je n'ai pas mentionné la Commune de Paris, ni les autres communes de même nature qui ont existé sur le territoire national. Une fois encore, vous le remarquerez, c'est la forme communale qui a été la forme de la révolution et de la résistance à l'invasion. Car la Commune de Paris, c'est d'abord la résistance à l'invasion, puis le pouvoir ouvrier.