Mesdames les ministres, samedi dernier, un patient est décédé sur le parking d'une clinique à Angers. L'homme se plaignait de douleurs thoraciques. Il avait d'abord tenté d'être reçu au CHU de la ville. Faute de prise en charge, puisque la seule infirmière présente était occupée avec un autre patient dont l'état nécessitait un traitement rapide, il a traversé la ville et il est décédé avant même d'avoir pu atteindre les locaux de la clinique d'Anjou.
Cet événement tragique est révélateur des effets désastreux du manque d'effectifs dans l'hôpital public. Pourtant les personnels soignants ne cessent de vous alerter. De nombreux établissements sont mobilisés depuis plusieurs semaines pour l'amélioration des conditions d'accueil des patients, particulièrement aux urgences. Cette semaine, ce sont plus de 120 services d'urgences qui sont en grève. Leur mobilisation ne cesse de s'intensifier tant les réponses que vous leur apportez sont insuffisantes, voire méprisantes. Accorder 70 millions d'euros, c'est tout ce que vous avez trouvé pour répondre à la crise grave que traversent les hôpitaux ! Cette somme doit notamment permettre le renfort d'une personne pendant soixante jours au sein des services d'urgences, soit l'équivalente de 350 postes, c'est-à-dire un nombre bien insuffisant puisque nos hôpitaux auraient besoin de 10 000 embauches supplémentaires pour faire face à la pénurie de soignants. Pire, ces 70 millions d'euros sont réorientés à budget global constant, donc au détriment d'autres services hospitaliers.
Vous dites vouloir lutter contre l'attente interminable sur les brancards et dans les couloirs, mais vous abandonnez l'hôpital public et continuez d'aggraver sa crise au bénéfice exclusif des établissements privés. Ainsi, la rentabilité des cliniques privées n'a jamais été aussi élevée depuis 2006, alors que l'hôpital public, lui, craque de tous côtés. S'il ne s'écroule pas, ce n'est que grâce au dévouement exceptionnel des personnels soignants et administratifs.
Mesdames les ministres, contrairement à ce que vous prétendiez lors de l'examen de votre projet de loi santé, il ne s'agit pas de mieux répartir les crédits, il s'agit de les augmenter, et il y a urgence.