Intervention de Pierre-Henri Dumont

Réunion du mercredi 26 juin 2019 à 17h10
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Madame la ministre, je vous ai entendu dire qu'il ne fallait pas se positionner sur une bataille d'influence et de drapeaux. Certes, je comprends l'intérêt d'une telle déclaration, en particulier quand on a à l'esprit les déboires de celle qui était prévue pour occuper de hautes fonctions, comme tête de liste de la majorité aux élections européennes. Mais, dans cette commission, on a tout de même, à de très nombreuses reprises, expliqué que l'influence de la France déclinait en Europe…

Prenons un sujet assez simple : le siège du Parlement européen à Strasbourg. Il y a quelques jours, nous avons eu un débat sur la pérennité du siège à Strasbourg. Que ce soit en commission des affaires européennes ou en commission des affaires étrangères, nous avons conclu que c'était un combat qui était avant tout franco-français et qu'il était porté de façon assez isolée par les députés français. L'avis général était qu'il était nécessaire, en l'occurrence, d'agiter le drapeau. Ainsi, je considère, avec le groupe Les Républicains que, sur certains sujets, dans certains cas et, en particulier, en ce qui concerne les nominations, l'influence nationale constitue tout de même un sujet. Tout résumer à une question de groupes politiques européens risque au contraire d'éloigner encore plus le citoyen de la décision, parce qu'il ne comprendrait pas pourquoi telle ou telle se retrouve à décider, grosso modo, à sa place… Il est déjà assez compliqué de le lui expliquer aujourd'hui. Si, en plus, on perd progressivement en influence, on ne va jamais réussir à lui expliquer calmement.

C'est pour la même raison que nous nous sommes opposés aux listes transnationales. Car elles suivent la même logique. Alors que vous parlez de recréer une forme de proximité avec le citoyen, mettre à bas le système des Spitzenkandidaten de la manière dont c'est en train d'être fait ne me paraît pas le chemin idéal vers le retour du citoyen à une meilleure compréhension démocratique de la façon dont doit être désigné le Président de la Commission… C'est-à-dire qu'on avait un système accepté par à peu près tous les grands partis du précédent Parlement européen, mais qu'il a été mis à bas par l'arrivée d'une force émergente en France, laquelle a créé au Parlement européen un groupe au nom anglais !

Je me pose donc la question de savoir si la volonté de mettre à bas ce système des Spitzenkandidaten ne risque pas de créer contre elle au Parlement européen, si les négociations s'éternisent, une majorité qui regroupe le PPE, le PS et les Verts. Cette majorité n'aurait pas besoin du groupe central pour exister, ce qui risque de diminuer encore plus l'influence de la France. Car on comprend bien que, à l'intérieur de ce groupe Renew Europe, la France est extrêmement importante, parce que la délégation « Renaissance » d'En marche y est extrêmement importante.

Permettez-moi enfin un dernier point sur l'élargissement. Dans les conclusions du Conseil, que les membres de cette commission ont sous les yeux, il est indiqué qu' « on soutiendra la perspective européenne des États européens qui sont désireux et en mesure de rejoindre » l'Union européenne. Peut-on avoir un point sur ces négociations d'adhésion ? Avec quels pays sont-elles menées ? Quelle est la démarche suivie ? Quel en est l'horizon ? Est-ce qu'on recule sur certaines adhésions ? Je pense qu'un point sur la Turquie et les Balkans serait parfaitement opportun, à ce stade.

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