Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du jeudi 11 juillet 2019 à 9h30
Débat d'orientation des finances publiques pour 2020

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Monsieur le président, monsieur le ministre de l'action et des comptes publics – cher Gérald – , monsieur le rapporteur général du budget, monsieur le président de la commission des finances, mesdames et messieurs les députés, je suis très heureux de vous retrouver pour la troisième fois, avec Gérald Darmanin, pour ce débat d'orientation des finances publiques, qui me donne l'occasion de tracer devant vous les orientations économiques et budgétaires du Gouvernement.

Un budget est un instrument au service d'une politique économique ; l'établir suppose tout d'abord de savoir où nous en sommes, économiquement, en France et en Europe.

La croissance française reste solide, malgré un ralentissement marqué et préoccupant de la croissance mondiale, qui s'explique avant tout par les tensions entre la Chine et les États-Unis et par le ralentissement du commerce mondial qui en résulte. À ce stade, nous estimons notre croissance en 2019 à 1,4 %, contre 1,3 % pour la zone euro et 0,8 % pour notre partenaire allemand. Ces prévisions, proches de celles des principaux instituts de conjoncture, montrent la sincérité de nos évaluations. Mais, comme chaque année, nous les réévaluerons, le cas échéant, lors de la présentation du projet de loi de finances, à la lumière des dernières données disponibles.

Deuxième élément sur lequel je tiens à insister : le chômage, qui est au plus bas depuis 2009. Nous avons créé plus de 500 000 emplois depuis 2017 ; nous avons créé 26 000 emplois dans le secteur industriel – j'insiste sur ce chiffre car je crois à la reconquête industrielle de la France et, pour la première fois depuis quinze ans, nous ouvrons davantage d'usines que nous n'en fermons.

Cette conjoncture économique est inédite. Elle est caractérisée par une inflation faible, une croissance mondiale faible, et un niveau de taux d'intérêt bas, et même négatif sur le court terme. Cette situation nouvelle, qui pourrait s'installer durablement, appelle quelques remarques.

Tout d'abord, ces taux bas ont, évidemment, des conséquences positives pour le financement de la dette française ; la charge de la dette va temporairement baisser. Mais, dans un contexte de ralentissement de l'activité mondiale, la réduction des dettes fiscales l'emporte sur la réduction de la charge de la dette. Je tiens donc à écarter tout de suite une illusion : il n'y aura aucune cagnotte budgétaire liée à la diminution des taux d'intérêt.

Ensuite, ces taux bas ont ouvert un débat économique sur l'opportunité d'un endettement supplémentaire. Faut-il s'endetter davantage ? C'est une idée proposée par certains économistes, notamment Olivier Blanchard. Ce raisonnement, valable pour des États qui réduisent leur dette depuis des années, ne l'est pas, à nos yeux, pour un pays comme la France qui a vu sa dette publique augmenter de trente points entre 2007 et 2017 – elle avoisine maintenant 100 % de notre produit intérieur brut. Ce n'est pas non plus un raisonnement valable pour un pays dont la dépense publique reste la plus élevée de tous les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique, l'OCDE.

Je veux donc être très clair : nous continuerons notre politique de réduction de la dette publique. Nous assumons un rythme de réduction plus lent, compte tenu du ralentissement de la conjoncture, mais notre objectif reste le même. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, la dette est un poison lent, de plus en plus lent certes, mais un poison malgré tout.

Cela ne nous empêche pas de dégager des marges de manoeuvre pour continuer à investir massivement dans l'innovation et la transition énergétique, sur la base d'un choix de politique économique constant et réaffirmé par le Président de la République, celui d'une politique de l'offre. Ce choix fait en 2017 avait été annoncé aux Français par le Président de la République, et nous le maintenons. Cette stabilité confortera les premiers résultats déjà obtenus.

Cette politique de l'offre se traduit par des choix fiscaux en faveur des entreprises, des entrepreneurs et de l'emploi. La transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – le CICE – en allégement de charges pérenne en 2019 représente un gain de 20 milliards d'euros pour toutes les entreprises.

Nous diminuerons l'impôt sur les sociétés pour l'ensemble des entreprises, et son taux sera abaissé à 25 % en 2022 pour toutes les entreprises, toutes sans exception, conformément à l'engagement pris par le Président de la République. D'ailleurs, cet impôt baissera dès 2020 pour toutes les entreprises. J'ai entendu les inquiétudes de certaines d'entre elles, en particulier les plus grandes, celles dont le chiffre d'affaires est supérieur à 250 millions d'euros, et je tiens à les rassurer : leur impôt baissera bien dès 2020, avec un taux passant de 33,3 % à 31 %.

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