Le 18 juin dernier s'est produit un événement rarissime dans notre histoire budgétaire, puisque le taux d'emprunt français à dix ans est devenu négatif. Cette nouvelle peut être interprétée de différentes manières. M. le ministre de l'économie et des finances a évoqué les débats politiques et économiques qu'elle occasionne. D'aucuns considèrent qu'il s'agit d'une bonne nouvelle, et que nous devrions nous enfermer encore davantage dans la dette – après tout, emprunter rapporte de l'argent ! Pourquoi ne pas continuer ce tour de magie ? D'autres, au contraire, pensent qu'il s'agit là d'une situation dangereusement lénifiante, et que les mois qui viennent sonneront brutalement la fin des illusions.
Je ne suis ni de ceux-ci, ni de ceux-là. J'y vois, pour ma part, le signe du très grand crédit que nous accordent nos créanciers. Lorsque la dette publique atteint près de 100 % de la richesse nationale, avoir du crédit auprès de ses créanciers est une bonne chose.
La comparaison avec nos principaux partenaires économiques, comme l'Italie, est éloquente. La crédibilité dont nous bénéficions, j'ai la faiblesse de croire que c'est aux efforts consentis depuis 2017 par cette majorité et ce Gouvernement pour remettre nos comptes en ordre que nous la devons. À ceux qui voudraient d'ailleurs n'y voir que les effets d'une politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne, je signale que si nous devions appliquer les taux d'intérêt italiens à la dette française, c'est plus de 10 milliards d'intérêts supplémentaires que nous devrions payer. Manifestement, faire des réformes fait baisser le coût de l'argent.
C'est dans ce contexte que s'ouvre ce débat d'orientation des finances publiques, temps fort de notre calendrier budgétaire, au croisement de l'exécution des comptes de l'année passée – nous avons eu cette discussion il y a quelques semaines – et de la programmation de nos finances publiques à venir. Ce sera pour le Gouvernement l'occasion de démontrer comment il entend, « en même temps », monsieur le rapporteur général, réduire massivement les impôts – une diminution de 27 milliards d'euros pour les ménages – et réduire massivement nos déficits publics.
De fait, comme vous pourrez le constater, le déficit public inscrit dans le rapport préalable à ce débat s'élève à 2,1 % du PIB, soit 27 milliards d'euros de moins qu'à notre entrée en fonctions. Je rappelle que la Cour des comptes a chiffré à 3,4 % le déficit lorsque nous sommes arrivés, en juillet 2017. Il suffit d'ailleurs de regarder le passé, d'examiner de près les comptes de 2017 et, surtout, de 2018, pour constater que nous avons financé nos priorités sans pour autant abandonner l'impératif de sérieux budgétaire. Nous avons déjà relevé ce défi, et nous continuerons à le relever.
Je voudrais d'abord m'attarder quelques instants sur les bons résultats de 2017 et 2018. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre 2017 et 2018, la dépense a diminué de 0,3 point de PIB. Entre 2017 et 2018, les prélèvements obligatoires ont baissé de 0,2 point de PIB. Entre 2017 et 2018, le déficit public a diminué pour s'établir à 2,5 %, soit 0,9 point de moins qu'à notre arrivée.