Je rappelle, même si j'ai douloureusement l'impression de me répéter à chaque exercice de ce type, que nous accusons dix points de PIB de différence avec la zone euro en matière de dette, alors que nous nous situions au même niveau il y a encore cinq ans. Et pour cause : nos voisins se désendettent cinq fois plus vite que nous !
Le rapporteur général écrit que des taux bas permettent de « dégager des marges de manoeuvre sans effort » mais qu'ils ont « l'inconvénient d'entraîner des effets secondaires anesthésiants ». Il a raison : quand j'entends ceux qui incitent la France à s'endetter encore davantage au prétexte de taux bas, je me dis que la faiblesse des taux n'est ni plus ni moins qu'un pousse-au-crime.
Quant à la dépense, baisse-t-elle réellement ? À l'évidence, pas du tout nominalement, et pas vraiment en volume. Selon la Cour des comptes, les dépenses en volume ont augmenté de 0,8 % en 2018 et continueront à progresser en 2019 et en 2020. Bien moins qu'avant, sans doute – évidemment, et fort heureusement – mais toujours plus qu'il ne faudrait.
Vous annoncez plusieurs propositions pour 2020, notamment s'agissant des impôts de production. Vous affichez d'ailleurs, sur ce point, la foi et la vigueur des nouveaux convertis. Nous verrons bien.
Vous évoquez également des modifications en matière de dépenses fiscales. Tant mieux ! Mais, pour cela, vous devrez vous appuyer sur de véritables baisses de la dépense ; et il faudra veiller particulièrement aux entreprises, puisque vous avez eu tendance à augmenter l'impôt sur les sociétés réalisant plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires par rapport à vos prévisions.
Parlons enfin de la méthode. Vous avez augmenté massivement les dépenses en réponse aux gilets jaunes. Et vous recommencerez bientôt à employer l'arme fiscale, à savoir l'augmentation des impôts des entreprises, pour boucler vos fins de mois : vous égrainez progressivement des propositions qui consistent systématiquement à augmenter la fiscalité des entreprises. Ces deux instruments, l'augmentation des impôts des entreprises et la hausse de la dépense pour répondre à des crises, dans la panique, sont la voie de la facilité et conduisent à une impasse. Ils ne sauraient être, monsieur le ministre – et je pense que beaucoup ici partagent ce sentiment – , la marque de fabrique du budget 2020.