Monsieur le rapporteur, cher Jacques, merci beaucoup pour ce rapport et pour le travail que vous avez mené avec ceux qui vous ont entouré. J'approuve la totalité des propos qui ont été tenus par mon collègue Sylvain Waserman. Dans ce débat extrêmement intéressant, je peux entendre certains des arguments avancés. Toutefois, selon moi, contrairement à ce qui a pu être dit, un traité n'a pas pour objectif d'augmenter les échanges ; il s'agit d'établir des règles là où il n'y en avait pas, notamment dans le domaine sanitaire, pour fluidifier et simplifier les échanges.
Certains traités ont eu des résultats extrêmement intéressants, par exemple l'accord avec la Corée du Sud. Si nous devions étudier un tel texte aujourd'hui, tout le monde se récrierait en raison des gros industriels que compte ce pays – ne seraient-ce que Samsung et Hyundai. Pourtant, ce traité a été extrêmement bénéfique, sans pour autant mettre en péril notre industrie automobile, notamment. Les traités ont donc de bons côtés. Par conséquent, au moment où nous discutons de ce projet de loi, je suis surprise par certains arguments qui sèment la confusion et par le défaitisme de certains commissaires.
Je voudrais parler plus particulièrement d'agriculture. Jacques Maire a cité tout à l'heure cet élément, si le marché européen intéresse le Canada, il ne s'agit pas pour autant pour lui d'un marché prioritaire : dans le classement des marchés sur lesquels le Canada exporte ses bovins, l'Europe est au-delà de la dixième position quand la Chine occupe la cinquième place. Dans ce domaine, celle-ci a triplé ses échanges avec le Canada en un an, pour un montant au demeurant tout petit : 80 millions de dollars canadiens, contre plus de 900 millions pour les exportations vers les États-Unis. L'Union européenne dans son ensemble, et je ne parle même pas de la France, est très loin derrière. Étant présente en Asie, je peux vous dire que l'intérêt du marché chinois pour la viande bovine ne se dément pas. D'ailleurs, dans la mesure où les Chinois n'ont pas les mêmes exigences que nous, si le Canada, avec ses normes actuelles, avait envie d'explorer un marché, c'est certainement vers la Chine qu'il se tournerait plutôt que vers le marché européen.
Contrairement à ce que pense M. Trump, le commerce international n'est pas un jeu à somme nulle, et la notion de réciprocité existe. Si cet accord vise à fluidifier les exportations du Canada vers l'Europe, l'inverse peut aussi être vrai. Notre agriculture dispose de nombreux atouts qui ont déjà été soulignés, au nombre desquels précisément les normes que nous imposons, par exemple pour les appellations d'origine contrôlée et les indications géographiques protégées. Ces normes intéressent vivement certains consommateurs canadiens, je n'ai aucun doute à ce sujet. Le traité peut être un moyen de les influencer et d'imposer peu à peu nos normes et notre mode de consommation.
Monsieur le rapporteur, puisque vous êtes membre du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur l'attractivité de la France, l'export, l'investissement et la compétitivité, et à l'heure où nous soutenons les efforts de la « Team France Export », pouvez-vous nous indiquer ce qu'il faudrait faire pour aider notre agriculture à monter en gamme et à s'exporter vers ces pays ?