Avec l'application de ce traité de libre-échange, nombreux sont ceux qui s'inquiètent de voir les échanges commerciaux entre la France et le Canada se développer au détriment des normes de qualité françaises. La filière bovine est particulièrement exposée, puisqu'elle sera mise en concurrence, nous avons été nombreux à le rappeler ce soir, avec des viandes nourries aux hormones de croissance et aux farines animales – sans parler du boeuf dopé aux antibiotiques, une folie, puisque ce procédé accélère la résistance aux antibiotiques et constitue donc un enjeu de santé publique mondial.
D'ailleurs, le récent scandale de falsification de certificats vétérinaires canadiens, qui a permis l'exportation illégale de porcs à la ractopamine vers la Chine, a démontré que, contrairement à ce que vous ne cessez de nous dire, les autorités publiques canadiennes ne sont pas toujours fiables en la matière.
La ratification du CETA n'est malheureusement cohérente ni avec vos discours ni avec la loi EGALIM, qui prônait une montée en gamme des produits agricoles, afin d'assurer aux agriculteurs un revenu décent et de privilégier la consommation locale, davantage rémunératrice pour les producteurs et plus respectueuse de l'environnement. En réalité, le CETA met en concurrence des modèles agricoles radicalement opposés. C'est principalement pour cette raison qu'il met autant en colère nos agriculteurs. Comment comparer nos exploitations agricoles à taille humaine avec ces feed lots d'outre-atlantique, dont 60 % comprennent plus de 10 000 bovins ? Nous sommes attachés au modèle agricole français, je suis attachée au modèle agricole de mon département, l'Hérault, fondé sur des exploitations respectueuses de nos terroirs et de ses paysages, ainsi que de la santé des consommateurs.
Les agriculteurs ne doivent pas devenir la variable d'ajustement de votre politique commerciale. Pour vous, le CETA est « un bel accord », mais toutes les oppositions, ainsi que l'intégralité du monde paysan français, s'élèvent contre celui-ci au nom de risques sanitaires, agricoles et environnementaux. Cela, au moins, devrait vous interpeller et vous faire retirer la filière bovine de son champ d'application.