Intervention de Bertrand Signé

Réunion du mardi 30 avril 2019 à 16h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Bertrand Signé, président de l'association Accompagner la réalisation des projets d'études de jeunes élèves et étudiants handicapés (ARPEJEH) :

Monsieur le rapporteur, l'association ARPEJEH a élaboré un livre blanc qui vous a été transmis et dans lequel nous formulons un certain nombre de recommandations.

Les témoignages montrent la complémentarité de nos actions, car elles concernent le parcours du jeune : avant d'accéder à l'enseignement supérieur, il faut franchir de nombreuses étapes. Nous avons avant tout besoin de coordination et de statistiques. On ne progresse que sur ce qu'on mesure ! S'agissant de l'impératif de coordination, nous travaillons avec des académies dont les approches peuvent être différentes ; de même, nous avons du mal à communiquer avec les associations. Si l'on veut réellement progresser, il faut des chiffres, de la coordination et des objectifs.

J'ai insisté fortement sur le stage de troisième parce qu'il me paraît révélateur à plus d'un titre. Si la finalité de tous ces efforts est bien entendu de faire des études, l'objectif est l'inclusion, l'entrée dans la société et dans la vie. Pour ce faire, l'entreprise est un bon levier, à deux titres. D'une part, elle permet aux jeunes de découvrir qu'ils peuvent faire des études. Comme à tout un chacun, il faut leur donner envie. Voir concrètement en entreprise ce qu'il est possible de faire est de nature à donner envie et à dépasser l'autocensure, car beaucoup se disent : ce n'est pas pour moi. D'autre part, il n'y a pas que le diplôme. Quand un jeune est mis en entreprise, il arrive que le chef d'entreprise constate qu'il peut lui confier des tâches, au-delà de la demande classique d'un niveau BTS ou « bac + cinq ». Des jeunes peuvent apporter des choses à l'entreprise sans avoir obtenu ces diplômes. C'est notamment le cas pour les jeunes qui ont des troubles « dys ».

Comment faire ? L'entreprise suivra si on lui propose des objectifs réalistes. L'obligation d'emploi d'au moins 6 % des personnes handicapées prévues dans la loi de 2005 n'a pas pleinement fonctionné, car si l'entreprise ne peut pas faire « matcher » des jeunes et ses activités, elle n'y répondra pas. La bonne méthode consiste à mettre plus tôt en relation les jeunes et l'entreprise. C'est pourquoi le stage de troisième me paraît important. Je m'inquiète de constater que ça ne marche pas bien et le manque d'éléments de mesure est un signe qui doit nous alerter.

Par ailleurs, il faut distinguer le secteur protégé et le secteur ordinaire. Pour ses 80 entreprises, l'ARPEJEH a sept chargés de mission répartis les régions, qui vont aider sur la façon de mettre en relation et d'accueillir. Proposer une immersion à un jeune en situation de handicap se prépare et s'accompagne. Nous travaillons grâce à quelques dispositifs pré-établis. En effet, tous dans cette salle, nous avons connaissance de réussites et d'échecs ; or, au regard du nombre de jeunes concernés, nous devons essayer d'avoir une approche un peu « macro », avec des dispositifs qui parfois donneront des résultats et parfois ne fonctionneront pas. Il faut aussi dépasser l'émotion que suscite la problématique du handicap. Il faut quelques objectifs forts, préparés, travaillés et réalistes, ainsi que des dispositifs incitatifs. Les évolutions en matière de financement nous inquiètent.

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