Intervention de Jérémie Colomes

Réunion du mardi 30 avril 2019 à 16h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Jérémie Colomes, secrétaire général de la Fédération étudiante pour une dynamique études et emploi avec un handicap (FEDÉEH) :

En matière d'accompagnement financier, vous avez évoqué l'entreprise. Je pars du principe que vous parlez de l'accompagnement financier des personnes handicapées et non des structures qui les entourent. L'accompagnement financier est très difficilement lisible pour les personnes handicapées. À l'offre de la MDPH s'ajoutent les offres proposées par les régions, les départements, certaines mairies, des mécènes, des associations, et cela devient rapidement illisible. Ajouter un nouvel échelon, c'est-à-dire un nouvel accompagnement financier, perdra plus encore les personnes en situation de handicap qui ne recourent déjà pas à tous ceux auxquels elles auraient droit.

En outre, un grand nombre de surcoûts ne sont pas reconnus ou sont mal pris en charge. Dans certains cas, des aménagements nécessaires ne sont pas pris en charge. Il faut faire un état des lieux des surcoûts en interrogeant les personnes handicapées pour mesurer les difficultés qu'elles rencontrent. Il y a autant de surcoûts possibles que de handicaps. Je ne me ferai pas le porte-parole de dossiers que je ne connais pas.

Du côté des entreprises, pourquoi prendre un handicapé en stage et pourquoi salarier un handicapé, alors qu'une personne qui n'est pas handicapée serait disponible ? Il y a des obligations légales, comme l'obligation d'employer au moins 6 % de personnes handicapées. Cela suffit-il ou faut-il aller plus loin ? Pourquoi ne pas créer un dispositif équivalent au crédit d'impôt recherche pour les personnes handicapées ?

Concernant l'adaptation des concours, quelqu'un ayant utilisé toute l'année un ordinateur pour prendre des notes peut se retrouver au concours avec un preneur de notes, ce qui peut être générateur de stress et affecter sa note finale. L'idée de rendre opposables les plans de compensation du handicap me paraît bonne. En tout état de cause, il faut s'assurer d'une continuité entre l'aménagement intervenu en cours d'année et l'aménagement pour le concours ou pour l'examen.

Pourquoi certains enseignants n'adaptent-ils par leur contenu ? D'abord, parce qu'ils ne sont pas outillés. Ils ne savent pas comment adapter leurs cours et ils pensent que cela représente des efforts trop importants. Ensuite, ils sont relativement peu contraints : s'il y a des obligations pour les examens ou les concours, il y en a encore relativement peu vis-à-vis des enseignants. Je n'ai jamais vu prononcer de sanctions, ne serait-ce que parce que les étudiants handicapés ne réclament jamais le respect de leurs droits pour la simple raison que le temps judiciaire ou des recours n'est pas celui des études. En introduisant un recours, on perd notre année d'étude et on ne sera jamais réaccepté dans la formation. Il faut mettre en place des voies de recours efficaces qui soient inscrites dans le temps de l'étudiant. De plus, il faut créer une culture du handicap. Les enseignants doivent être en capacité d'appréhender ce qu'est le handicap, ne pas avoir « peur » du handicap et savoir qu'ils peuvent facilement créer des outils de nature à rendre leurs cours accessibles. Autrement dit, il faut former les enseignants. Aujourd'hui, ce n'est absolument pas fait. Nous l'évoquons longuement dans une contribution au grand débat national que nous vous enverrons.

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