Au collège, j'ai dû m'occuper d'un élève qui relevait de l'IME mais qui n'avait pu y être accueilli, faute de place. La plupart des enseignants n'en voulaient pas en inclusion, parce que c'était un élève violent. Je le prenais seule dans une classe et je lui faisais cours. Je ne me suis pas contentée de lui faire faire du coloriage, comme on m'y invitait, car il avait 11 ans. En français, il avait un niveau de deuxième année de maternelle. Il ne connaissait même pas l'alphabet. J'ai travaillé avec lui pendant deux ans. Mes supérieurs disaient que ce n'était pas à moi de le faire. Je leur répondais : si je ne le fais pas, qui le fera ? Il était présent tous les jours. Il avait très peu d'inclusion et j'ai réussi à le faire aller en cours de musique, d'arts plastiques, de sciences parce qu'il aimait la manipulation, de sport aussi, mais c'est tout. Pour toutes les autres heures de présence en milieu scolaire, j'élaborais moi-même des cours sans support alors que je ne suis ni instit ni prof. Je me suis adaptée. Il a fallu faire avec les moyens du bord.