Intervention de Joëlle Ayache

Réunion du lundi 6 mai 2019 à 17h00
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Joëlle Ayache, représentant le Syndicat des enseignants de l'Union nationale des syndicats autonomes (SE-UNSA) :

Je suis secrétaire départementale du Syndicat des enseignants de l'Union nationale des syndicats autonomes et de l'UNSA Éducation 76.

Nous avons voulu partir de la situation locale. À chaque rentrée, nous sommes confrontés à la difficile mise en adéquation entre les AESH qui attendent un contrat et les élèves à besoin éducatif particulier qui attendent leur AESH. Le vivier existe, mais on n'y a pas toujours recours et des enfants font leur rentrée sans AESH.

Depuis quelques années, nous constatons à chaque rentrée un manque certain de places en ULIS. Ce n'est pas faute d'en créer. Il en est créé tous les ans mais il en manque encore. Les deux créations de collèges à la rentrée permettront-elles d'absorber les besoins ? Dès lors, les élèves sont accueillis en milieu ordinaire, avec des aides quand c'est possible, mais cela devient compliqué, et nous avons beaucoup de retours émanant de collègues qui n'en peuvent plus.

Une classe qui accueille des enfants en situation de handicap ne voit pas pour autant son effectif réduit. Les collègues doivent donc gérer les enfants en situation de handicap plus, quand il y en a, la présence d'AESH dans la classe. Cela fait beaucoup de monde dans une seule entité où les normes de sécurité – un certain nombre de mètres carrés par élève – ne sont plus toujours respectées. Il devient compliqué d'ajouter des adultes dans des classes où l'on dépasse les normes. D'où, peut-être, la volonté gouvernementale de limiter l'effectif des classes de grande section de maternelle, CP et CE1, à 24 élèves pour un accueil peut-être plus adapté. Nous verrons quand démarreront les classes à 24, alors que les cartes scolaires sont déjà établies pour 2019 et 2020.

À l'UNSA, nous sommes pour l'école inclusive ; nous en portons depuis longtemps le concept, mais pas à n'importe quel prix ou à n'importe quelles conditions. Au regard des effectifs, la situation de nos écoles et nos collèges devient complexe. Nous aimerions avoir des moyens dédiés. Nous avons besoin que les effectifs des classes diminuent, nous avons besoin d'accompagnement et de formation de nos accompagnants, de nos enseignants et des corps encadrants. Tout le monde doit savoir ce qu'est un handicap, ce qu'est un élève en situation de handicap et ce dont il a besoin. Comme l'ont dit des collègues tout à l'heure, des handicaps, il y en a un nombre certain et un certain nombre. La posture de l'enseignant ou de l'accompagnant est différente en fonction de chaque handicap.

Nous pensons aussi que les AESH devraient pouvoir accompagner nos élèves en dehors du temps scolaire, lors des activités périscolaires et extra-scolaires. Lorsqu'on lâche l'enfant, certaines familles sont démunies. Elles doivent déployer de telles compétences, de tels efforts pour que leur enfant soit présent à l'école dès la rentrée puis de façon régulière, qu'il est à nos yeux inadmissible qu'un enfant en situation de handicap rentre huit à dix jours après les autres.

Localement, ont été mis en place pour expérimentation les pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL). Mais le fait qu'ils soient déjà inscrits dans la loi sans avoir été évalués nous inquiète. Il faudrait en faire un bilan pour savoir si le dispositif doit être pérennisé. Pourquoi les mettre dans la loi si cela n'avance à rien ? L'une des questions importantes est de savoir qui doit gérer les AESH : est-ce chef d'établissement ou l'enseignant de la classe dans laquelle ils interviennent ? La question reste sans réponse.

Nous sommes attachés malgré tout, même si cela provoque des difficultés, à la notification MDPH. Chaque enfant ayant des besoins doit être traité de la même façon par la même commission, sinon on risque de faire tout et n'importe quoi et de ne pas apporter la même réponse à toutes les familles qui ont des enfants à faire accompagner.

Nous considérons qu'il faut des moyens et une volonté collective d'aller dans le sens du bien de l'enfant. Notre but commun, autour de la table et dans les écoles, est la réussite de tous les élèves, y compris ceux en situation de handicap. Nous avons besoin d'une formation pour tous dans le milieu éducatif.

J'ajoute que dans la marche en avant qui a été engagée vers la généralisation des enseignants spécialisés comme personnes-ressources, il ne faudrait pas non plus que les gens soient placés devant le fait accompli. Les personnes concernées devront être accompagnées dans l'école ou l'établissement où elles sont destinées à intervenir.

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