Intervention de Dany Duclos

Réunion du lundi 6 mai 2019 à 17h00
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Dany Duclos, enseignante référente :

Je suis titulaire du certificat complémentaire pour les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap (2CA-SH), formation d'un an que j'ai suivie tous les jeudis sur mon temps libre mais qui a été financée par l'Éducation nationale. Je suis censée être une ressource pour les AVS, les enseignants, les parents d'élèves, les collègues, le chef d'établissement. Dans mon collège de 400 élèves, on me donne une heure par semaine pour suivre 42 élèves. Autant vous dire que ça me prend quinze heures par semaine sans pouvoir aider les gens comme je voudrais le faire. C'est compliqué.

Les autres enseignants viennent vers moi parce qu'ils n'ont pas reçu de formation. Sur le terrain, je fais des constatations pragmatiques et gênantes. Professeur d'éducation physique et sportive (EPS), j'ai une élève hémiplégique dont les parents doivent prendre deux journées de congé par semaine pour l'amener sur les installations sportives. Je trouve cela effarant en tant que parent d'élève. En tant qu'enseignante, je ne pourrais pas conduire ainsi mon enfant.

Aujourd'hui les épreuves d'un brevet blanc ont lieu dans mon collège. Toutes les AESH ont été enlevées des élèves de sixième, cinquième et quatrième pour assurer des tiers-temps. Je trouve ça scandaleux.

Vous évoquiez tout à l'heure les élèves en attente de classes en ULIS. Il y en a de plus en plus. Nous les récupérons en sixième et ils attendent parfois deux à trois ans avant d'avoir une place, souvent sans accompagnement, notamment des élèves de niveau CE1 ou CE2 inclus dans des classes de sixième ordinaires de 29 élèves. Autant dire que même si on a la volonté, on n'a pas les moyens.

Nous vivons des situations très précaires. Un enseignant ressources aujourd'hui, c'est quelqu'un de bonne volonté qui est à la fois surexploité et sous-exploité. On nous en demande beaucoup mais on ne nous donne pas les moyens de faire le travail sur le terrain. Nous aimerions voir progresser la reconnaissance de ce statut. Nous sommes placés un peu en porte-à-faux. Nous ne sommes ni gendarmes ni garants des aménagements opérés par nos collègues.

Concernant les PAP, il y a un gros souci dans plusieurs établissements, notamment le nôtre. Nous en avons rédigé quarante-deux, mais aucun n'a été envoyé à la médecine scolaire. Je tenais à vous en informer.

Je m'arrêterai là pour ne pas être chronophage. J'ai rédigé un document que je vous remettrai.

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