Intervention de Marie-Christine Philbert

Réunion du mardi 14 mai 2019 à 16h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Marie-Christine Philbert :

Je suis vice-présidente de la FNASEPH, je suis parent, et j'ai été enseignante dans une vie antérieure. Je voudrais revenir d'un mot sur les AVS. Quand M. Eglin dit que ça s'est emballé, c'est vrai : en 2003, il y avait 2 300 salariés en France, sur 63 départements, aujourd'hui on en est à plus de 100 000 personnes sur l'ensemble du territoire. Donc, effectivement, en termes numériques, il y a eu une évolution exponentielle, non pas à tort et à travers, mais parce que d'autres vecteurs d'inclusion n'ont pas été mis en place. Souvent, des enseignants disent aux parents : « Je ne sais pas faire, donc j'ai besoin de quelqu'un qui va être à côté de votre enfant. » C'est aussi ce discours-là qui a fait que la machine s'est emballée, qu'il a fallu « produire » des auxiliaires de vie scolaire.

J'entends bien votre remarque. Nous avons participé, et nous le revendiquons, à la création du métier d'AVS, et ce depuis que la FNASEPH existe. Toute notre histoire depuis 1982 est là pour l'attester. C'est une chose pour laquelle nous nous sommes battus. Nous avons d'abord eu le diplôme d'État d'accompagnant éducatif et social (DEAES), mais, pour nous, cela ne répond pas à la « commande », puisque c'est un diplôme de niveau V, et que pour accompagner un enfant à l'école, même à la maternelle, et plus encore, bien sûr, à l'école élémentaire, au collège, au lycée, un niveau V est largement insuffisant en termes de connaissances et d'aptitudes. Donc, nous militons pour un vrai métier d'auxiliaire de vie scolaire, un vrai travail, un vrai salaire, une ancienneté prise en compte, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Nous connaissons des AVS qui font ce métier depuis plus de quinze ans et qui sont toujours au SMIC. C'est inadmissible. Je les appelle les « kleenex » de l'école. Nous sommes très clairs là-dessus : si l'on en fait un vrai métier, on aura des accompagnements mieux pensés, équilibrés, proposés en fonction des élèves. Je pense que c'est bien de le dire, et que dire ça à toutes les personnes qui accompagnent les enfants aujourd'hui – j'en connais beaucoup – leur fait du bien, parce qu'elles ont actuellement le sentiment de rendre un service formidable – bien des enfants ne seraient pas à l'école s'ils n'étaient pas là – mais qui n'est pas convenablement reconnu. Mais si l'on n'agit pas aussi sur d'autres leviers, on ne résoudra pas la question des AVS : il en faudra toujours plus, sans qu'on arrive à les qualifier. C'est vraiment un enjeu très fort.

J'ai été enseignante et je me permets de répondre à la question qui a été posée sur la formation, à propos des troubles. Quand on a un enfant dans sa classe – je vais parler de ma fille – qui a des problèmes de mémoire, de concentration, d'attention, est-ce qu'il est plus important de mettre un mot sur son trouble, ou de savoir comment compenser ces problèmes de mémoire, d'attention ou de concentration ? Mes années de pratique me font dire qu'il est plus important qu'un enseignant sache comment compenser le trouble, détourner ses effets, accompagner un enfant qui ne mémorise pas, plutôt que de savoir que c'est à cause d'un trouble appelé X, Y, Z, ou d'un chromosome en plus ou en moins.

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