Intervention de Marie-Christine Philbert

Réunion du mardi 14 mai 2019 à 16h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Marie-Christine Philbert :

Madame Bannier, une formation initiale est effectivement indispensable pour les enseignants – nous parlons même d'un tronc commun entre les enseignants et les éducateurs spécialisés par exemple – pour créer une culture commune. Ensuite, une fois que l'enfant est là, que vous l'avez dans votre classe, les premières personnes à qui vous pouvez faire appel pour vous aider, ce sont les familles, parce qu'elles ont une expertise de vie avec le handicap. Quand elles arrivent devant un enseignant, elles ont déjà derrière elles quelques années avec le handicap. Ce sont elles, en premier lieu, qui peuvent vous dire comment les enfants fonctionnent. Je pense à la scolarisation des enfants touchés par l'autisme : c'est le parent qui sait ce qui va déclencher une crise et comment elle peut être atténuée. Il faut qu'il y ait un temps organisé pour qu'il vous rencontre et fasse ce travail de dentelle qui consiste à vous dire : « attention, dans ce contexte-ci, voilà ce qui va se passer, mais par contre, dans ce contexte-là, voilà ce que l'on peut récupérer ». C'est indispensable. Vous me demandiez comment l'expertise des familles peut arriver à l'école : la première chose, c'est déjà que le parent ait un peu de temps pour vous parler de son enfant et de son handicap. Et puis il faut, dans les réunions, que le parent soit toujours associé, que le parent puisse parler. Il n'est pas rare que lors des réunions des équipes de suivi de la scolarisation – j'en fait trois par semaine –, le parent reste assis sur un strapontin et prenne à peine la parole, alors qu'il a des choses à dire sur le handicap qui sont très éclairantes pour les professionnels.

Le temps partiel, oui, pourquoi pas ? Pour certains enfants, six heures de scolarisation vont être très difficiles. Il faut voir, en concertation avec les parents et les enseignants, le temps que l'enfant peut passer à l'école de façon à ce que ça ait du sens pour lui. Ce qui nous inquiète cependant, dans le temps partiel, c'est que cela veut dire du temps où on laisse l'enfant à sa famille. Or c'est un temps subi, et ça inquiète des familles, des mamans qui sont obligées d'arrêter de travailler, etc. Mais si le temps non scolaire est pris en charge par un autre professionnel, par le secteur médico-social dans un SESSAD ou dans un établissement, pourquoi pas ? Le temps partiel à l'école est alors éclairé par un autre accompagnement.

J'avoue que l'on est un peu dubitatif quant au type d'expérimentation que Madame Brocard a mentionnée, parce qu'effectivement elle ne répond pas à la logique d'inclusion. Je comprends les familles qui font ça : je l'aurais fait, n'importe quel parent le ferait, parce que c'est une solution qui offre un répit aux familles. Mais la place d'un enfant, en France, dans notre République, c'est d'être à l'école de la République. C'est à l'école de lui faire sa place. C'est cela, le droit commun dont vous parliez, monsieur le rapporteur.

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