Comme l'a dit Bertrand Jacques, nous gérons douze établissements expérimentaux dans lesquels sont effectués des apprentissages. Parmi les enfants accueillis, 60 % sont intégrés à l'école, selon des modalités différentes : soit un accompagnement direct, c'est-à-dire que nos éducateurs vont à l'école et permettent que l'enfant participe aux activités académiques et à l'ensemble de la vie scolaire, soit un soutien aux équipes éducatives dans l'école. Nous avons développé, plus récemment, d'autres modalités, comme les classes dites d'autorégulation de l'autisme en milieu d'inclusion scolaire (ARAMIS) en Nouvelle-Aquitaine.
Nous voyons que les enfants font des progrès significatifs du fait du changement des mentalités, grâce à la présence d'enfants autistes à l'école et au succès de cette inclusion. L'expérience montre cependant que l'on peut encore améliorer les choses, moyennant plus de souplesse – c'est là, sans doute, notre recommandation principale. Des modalités de prise en charge plus souples permettraient d'accompagner la personne avec autisme au fur et à mesure de ses progrès. Cela passerait par une orientation MDPH vers des modalités multiples et simultanées ; par exemple, à temps partagé entre institut médico-éducatif (IME), école ordinaire, SESSAD ou ULIS. Chacune de ces modalités se traduirait par des temps modulables dans la durée, selon les difficultés rencontrées par l'enfant dans son parcours. Il y aurait en outre des passerelles, selon des modalités prévues par les orientations MDPH : lorsqu'on sort un enfant d'un dispositif, par exemple d'un IME, pour aller vers une unité d'enseignement élémentaire (UEE), il lui faut un temps de transition plus important, même avec un dispositif d'accompagnement médico-social plus léger. Nous connaissons tous les rigidités et les difficultés d'adaptation que subissent beaucoup d'enfants avec autisme : on cherche trop souvent à déplacer l'enfant d'un dispositif à un autre, sans établir les passerelles qui permettraient une meilleure réussite.