Pour compléter le propos, quand nous avons créé notre IME expérimental en 2009, c'était un peu le désert en matière d'inclusion des enfants autistes. Le gouvernement nous a demandé d'apporter la preuve des résultats – succès ou échec – d'une prise en charge précoce, intensive et pluridisciplinaire. La réponse a été « succès ». Sauf que nous l'avons fait à l'intérieur de nos écoles, avec une inclusion aussi forte que possible, mais pas en école ordinaire, qui accueille tout de même 60 % des enfants que nous accompagnons, et avec nos propres éducateurs, pas avec les AVS de l'Éducation Nationale. Il a aussi fallu surmonter quelques résistances, d'ailleurs non conformes à la loi de 2005, y compris au sein de l'Éducation Nationale, sur un territoire que j'ai en tête, avant d'avoir le droit d'accompagner nos propres enfants à l'école. J'ai dû faire intervenir le cabinet du ministre. Quand c'est redescendu en pluie fine, bien sûr, ça n'a pas plu à tout le monde, mais c'était le démarrage.
Les enfants font, certes, de réels progrès, mais ensuite, comment sortent-ils de l'école ? En d'autres termes : va-t-il y avoir une embolie des écoles, avec des enfants simplement plus âgés qu'au début ? Ou a-t-on des passerelles pour la sortie ?
Nous recommandons donc que tout établissement, si bon soit-il, soit impérativement ouvert sur l'extérieur. Comment ? On ne va pas s'amuser à inventer des systèmes très différents de ceux qui existent déjà. Il suffit de faire ce qu'Ana Bibay vient de décrire, c'est-à-dire une orientation multiple, pour être à la fois dans une IME et à l'école ordinaire avec des heures d'accompagnement par des AVS. Si on arrive à ça, avec suffisamment de flexibilité, alors en utilisant uniquement les dispositifs existants, on aura le moyen d'accompagner un enfant qui, au départ ne sera pas très bon, mais qui fera assez de progrès pour être ensuite intégré à l'école ordinaire de manière continue.
Dans la plupart des dispositifs inventés par les brillants esprits qui ont pondu un certain nombre de plans autisme, une notion est totalement absente en permanence. Elle tient en un seul mot : progrès. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut réinventer la roue, mais simplement : premièrement, aller vers plusieurs orientations simultanées de la MDPH – ce n'est pas compliqué à faire ; deuxièmement, établir des quotités de temps plus souples, de manière à pouvoir basculer de 90-10 dans un sens à 10-90 dans l'autre.