Sur la volumétrie, nous ne sommes pas très surpris. Cela concerne, bien sûr, une population très importante, et le nombre de grains de sable qui peuvent faire dérailler la machine est assez élevé et spécifique à la France. Je vais vous parler de ce qui peut faire dérailler en deux minutes un accompagnement. Quand ça se passe bien, on a des accompagnantes ayant reçu une formation initiale et une formation continue aux bonnes méthodes. On arrive à ce qu'elles entrent à l'école et à ce qu'elles partent avec les personnels de santé et les parents. Jusque-là, tout va bien et on arrive à faire des choses qu'on ne pensait pas possibles au départ pour les enfants. Mais survient un élément perturbateur : parfois, une famille déménage à dix kilomètres seulement, mais change de département, et l'interprétation n'est pas la même d'une MDPH à l'autre ; parfois, l'inspecteur ASH change, un enseignant change en cours d'année – il ne s'agit pas que de critiquer le nouvel enseignant, qui peut en toute bonne foi considérer qu'il n'est ni aidé ni formé pour accueillir cet enfant dans sa classe ; il peut aussi y avoir un défaut de supervision : les gens pensent bien faire mais ne sont pas supervisés par des gens compétents, ce qui peut être contreproductif.
Il peut y avoir, tout simplement, un refus d'AVS, et on tombe dans la situation que Bertrand Jacques vient d'évoquer, avec moins d'une heure de scolarisation par jour. Concrètement, l'enfant est déscolarisé et, dans 99 % des cas, la maman arrête de travailler. C'est comme ça que ça se passe. Vraiment.
Ou enfin, alors que tout marche bien, qu'on a réussi à trouver la perle rare – une AVS dynamique, qui aime les nouvelles méthodes – et que ça se passe très bien avec l'enfant, un jour, parce qu'elle est payée 600 à 900 euros par mois et n'a aucun espoir d'obtenir un CDI avant six ans, elle vient voir les parents et l'enfant en pleurant et leur dit : « Je suis désolée, mais j'ai dû accepter un autre travail ».