Intervention de Amandine Torresan

Réunion du mercredi 22 mai 2019 à 14h00
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Amandine Torresan, étudiante :

J'ai saisi le Défenseur des droits en 2017. Au bout de cinq semaines, je n'avais toujours pas de réponse et c'est à ce moment-là, le 12 octobre 2017, que j'ai fait une tentative de suicide. Le 19 octobre, ma mère a trouvé une réponse sur ma boîte mail : il faisait des propositions, mais pas celles que j'attendais. Ce que je demandais, c'était ne pas faire mon M2 en même temps que mon stage, pour ne pas trop me fatiguer. J'avais vu sur internet que c'était possible, mais j'ai appris par la suite que ce n'est possible que si l'on n'a pas le CAPES. Or on m'avait interdit de faire cela quand je n'avais pas le CAPES !

En même temps que le Défenseur des droits, j'avais contacté la mairie de Bordeaux. Après mon passage à l'acte, j'ai visé plus haut : j'ai écrit au rectorat et à la présidence de l'université. Comme je n'avais toujours pas de réponse, j'ai appelé tous les services et c'est en harcelant les gens que j'ai fini par avoir quelques réponses.

Vous me demandez des solutions simples. En voici une : dans les ESPE, on reçoit des cours sur l'inclusion. Il faudrait passer de la théorie à la pratique et, surtout, proposer des cours théoriques plus intéressants, en faisant intervenir des personnes qui connaissent le sujet de l'intérieur. Le cours sur l'inclusion que j'ai reçu à l'ESPE ne m'a rien apporté : c'est un fourre-tout, où il est aussi bien question des élèves à besoins spécifiques que des élèves allophones ou des élèves qui ont une infirmité motrice cérébrale, alors qu'ils ont des besoins différents. C'est moi qui ai donné au professeur et aux autres élèves de ma promotion le numéro d'aide pour les questions liées à la scolarité !

Il faut dire aux personnes handicapées qu'il est possible de faire des études supérieures, et pas seulement dans la voie professionnelle, et il faut mieux les accompagner. Il existe des pôles handicap mais, en ce qui me concerne, je n'ai pas pu obtenir de l'ESPE que mon cursus soit adapté à mon niveau de fatigue. Il faudrait que l'institution s'adapte à notre quota de fatigue, parce que nous sommes des êtres humains et que nous avons aussi une vie à côté. Si on me fatigue trop, je ne peux plus faire ma rééducation et je perds en motricité : c'est un cercle vicieux. Compte tenu de la manière dont s'est déroulée l'année universitaire qui s'achève, j'ai perdu en mobilité. Cela a des conséquences sur ma santé. Or on ne fait pas des études pour s'abîmer la santé.

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