Intervention de José Puig

Réunion du mardi 4 juin 2019 à 17h40
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

José Puig :

En Italie, l'effectif des classes est abaissé lorsqu'elles accueillent des enfants porteurs de handicaps relativement sévères. Ces pratiques, qui existent dans certains pays, ont fait leurs preuves, mais ont toujours été mal perçues par le système français au nom du principe d'égalité. Toutefois, on a récemment touché au tabou des effectifs, notamment pour les cours préparatoires dans les zones d'éducation prioritaire, où les seuils de fermeture et d'ouverture de classes ont été abaissés. Il est clair que l'enseignant est plus disponible pour chaque élève lorsque l'effectif est moindre. Celui qui a besoin de davantage d'attention a plus de chance de l'obtenir lorsque l'enseignant n'est pas accaparé par un trop grand nombre d'élèves. La difficulté du métier d'enseignant est de faire simultanément du collectif et du singulier. Il faut entraîner les enfants à vivre ensemble et leur donner l'expérience de la collaboration et de l'apprentissage en commun, tout en étant attentif aux difficultés de chacun. Il faut différencier son intervention pour que ceux qui ont besoin d'un peu plus d'aide et d'attention puissent trouver satisfaction dans cet enseignement.

En effet, l'effectif des classes mérite d'être reconsidéré. Toutefois, cette logique a ses limites : si l'on continue à voir s'accroître le nombre d'enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire, toutes les classes seront concernées. La bonne mesure – coûteuse, mais qui relève d'une logique d'accessibilité plutôt que de compensation – consiste à réfléchir sur les effectifs non pas des classes, mais des groupes d'élèves selon les activités.

Nous vivons dans un système hérité des XVIIIe et XIXe siècles fondé sur une trilogie formée d'un enseignant et sa classe dans une seule salle pendant toute la journée. Des expériences conduites dans d'autres pays montrent que l'on peut faire varier les modalités de groupement des élèves au cours de la journée. La classe peut compter davantage d'élèves par moments parce que l'activité n'appelle aucune individualisation – par exemple, la qualité du message ne sera pas modifiée si cent élèves regardent simultanément un document audiovisuel. Les économies réalisées en groupant des effectifs relativement élevés permettent des regroupements d'élèves différenciés à d'autres moments, avec des élèves en difficulté en tout petit nombre, voire des prises en charge individuelles – même si ce n'est probablement pas la formule qui mérite le plus d'être développée –, et des activités avec des élèves plus autonomes.

En corollaire, plusieurs enseignants peuvent intervenir auprès des mêmes élèves, avec des compétences différentes. Cette évolution a cours dans le cadre des réseaux d'aide aux élèves en difficulté (RASED)…

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