Avoir un lanceur européen, c'est une donc condition sine qua non de l'Europe spatiale. Pour quoi faire ? « L'espace en tant que catalyseur », pour reprendre l'expression du Conseil de l'Union européenne et du Conseil ESA démontre notre volonté commune de renforcer le rôle du spatial dans des domaines très variés. Parmi ceux-là, la France a identifié trois thèmes prioritaires. Le premier est, bien évidemment, le changement climatique. Le spatial contribue à mesurer une partie substantielle des variables climatiques essentielles utilisées par le GIEC pour suivre l'évolution du climat, mais il faut encore renforcer notre action en ce sens. Les efforts entamés pour la surveillance des émissions anthropiques de dioxyde de carbone, grâce au programme européen d'observation de la Terre Copernicus doivent être poursuivis et renforcés. Le deuxième axe prioritaire est la compétitivité de notre industrie spatiale dans le marché mondial. Cela implique une réflexion commune sur notre politique industrielle en dépassant les clivages habituels entre anciens et nouveaux entrants, pour construire ensemble sur la base de nos acquis, de nouvelles méthodes et de nouveaux savoir-faire. Cela pourrait passer par la diplomatie économique et l'aide à l'exportation au-delà de nos frontières, un investissement stratégique dans la recherche et l'innovation en lien avec les outils déployés au niveau européen, la définition d'une politique de passation de marchés adaptée aux spécificités du secteur. Enfin, la troisième priorité est le développement du secteur aval et la mise en oeuvre d'un calendrier numérique de l'espace européen. Il est en effet important de faciliter et d'augmenter l'échange des données numériques, via un cloud européen, pour augmenter son utilisation en appui aux politiques publiques, en particulier environnementales, et la production de valeur à tous les échelons, local, régional, national.
Rien de très nouveau, me direz-vous, avec ces thèmes – climat, politique industrielle, numérique. C'est simplement que le spatial est aujourd'hui partie prenante intégrale de tous ces enjeux, et ne peut plus être appréhendé dans sa « splendide isolation » passée.