Il faut le reconnaître, la situation de l'industrie spatiale européenne est très problématique, alors que la compétition mondiale s'est durcie. De nouveaux acteurs très offensifs sont apparus récemment comme la Chine, l'Inde ; d'autres, plus anciens, comme la Russie ou les États-Unis sont très dynamiques. Dans ce dernier pays, outre Space X, il nous faut aussi regarder un autre acteur, aux moyens financiers très importants, Blue Origin, de Jeff Bezos. Nous devons nous mobiliser aujourd'hui pour protéger cette très belle réussite industrielle, résultat de cinquante ans d'efforts des différents acteurs de l'Europe spatiale.
Ariane 5 est une réussite incontestable, avec une fiabilité technique prouvée. En revanche, sa compétitivité reste fragile car elle est handicapée par des coûts trop élevés. Avec le projet Ariane 6, nous avons changé de modèle économique et ce modèle a été conçu pour permettre des économies de structure très importantes. Il ne faut pas cacher que le projet Ariane 6 a été très difficile à mener à bien en raison de divergences stratégiques entre la France et l'Allemagne. Pour assurer la pérennité de l'industrie spatiale européenne, il faut se projeter au-delà d'Ariane 6 et là encore nous avons des points de vue opposés sur les choix technologiques à retenir.