Chacun comprendra que ce texte revêt pour moi, député de la septième circonscription des Français de l'étranger, une importance particulière, symbolisée par les quatre personnes qui ont pris la parole lors de la cérémonie de signature du traité : le Président de la République française, Emmanuel Macron, la Chancelière allemande, Angela Merkel, bien sûr, mais également le président du Conseil de l'Union européenne, le Polonais Donald Tusk, et le président roumain, Klaus Iohannis, la Roumanie assurant la présidence tournante de l'Union européenne.
La répercussion de cet accord est, à mon sens, plus large et plus profonde que le strict aspect transfrontalier. Pour le groupe MODEM également ce texte est important. Alors que l'approfondissement de la construction européenne est sous tension, ce traité relance la coopération franco-allemande, pour que, comme vous l'avez dit, madame la rapporteure, l'amitié déterminante entre la France et l'Allemagne contribue à l'approfondissement d'une Union européenne unie, efficace, souveraine et forte.
Je relève souvent, au cours de mes nombreuses rencontres avec nos concitoyens en circonscription, que beaucoup d'entre nous, grâce à ce que le traité de l'Élysée a semé il y a plus de cinquante ans, ne sont ni français ni allemands, mais franco-allemands. Le franco-allemand est quotidien, naturel ; il est devenu, au-delà des zones transfrontalières, une évidence. Plus de la moitié des citoyens que je représente dans seize pays sont bicitoyens, biculturels, et se sentent chacun moteur du projet politique européen que nous essayons de relancer.
Je voudrais m'arrêter un peu sur le rôle du franco-allemand dans la construction européenne, avec un exemple très peu connu peut-être, mais très symbolique. J'ai apprécié, madame la rapporteure, que vous insistiez sur le fait que le traité prévoie explicitement que nos actions communes se projettent concrètement en Europe et dans le monde, et surtout que vous citiez l'OFAJ. J'ai assisté, hier matin, à une rencontre entre le Président de la République et des jeunes du RYCO (Regional Youth Cooperation Office) – l'Office balkanique pour la jeunesse – à Belgrade. La création de, cet office, qui est peu connu, a été proposée en 2016 par la France et l'Allemagne aux six pays des Balkans, qui étaient en guerre il y a vingt ans. L'accord a été signé et le mécanisme cofinancé par ces pays, malgré ou par-delà leurs grandes tensions que l'on qualifie d'héréditaires comme nous qualifiions, chez nous, l'ennemi allemand, il y a soixante ans. L'Office est soutenu pédagogiquement par l'OFAJ et permet, comme hier aux Français et aux Allemands, à des jeunes Serbes, Kosovars, Bosniens, Monténégrins, Albanais et nord-Macédoniens de commencer à recoudre leurs sociétés encore déchirées. C'est un exemple de ce que le moteur franco-allemand, quand il réussit, peut apporter à la construction européenne. Nous avons conscience que ce nouveau traité est en train de semer pour les citoyens français, allemands, européens d'aujourd'hui et de demain, et nous avons bon espoir qu'un jour en fleurira une évidence. Le MODEM votera, bien entendu, pour autoriser la ratification de ce traité.