Je pense qu'il y a vraiment un fantasme sur le déséquilibre entre la France et l'Allemagne. Il y a certes des divergences – et il faut trouver des convergences – mais ce n'est pas un déséquilibre. Quand on circule, on voit que les infrastructures allemandes ne sont pas au niveau des nôtres. Les Allemands sentent aussi des différences, y compris dans le développement de l'industrie ; ils savent qu'ils vont dans le mur dans certains domaines et que nous pouvons les aider.
Jean-Paul Lecoq a demandé quelles étaient les limites d'une zone transfrontalière. D'après mon expérience, la notion de gradient de frontière va s'imposer à l'intérieur de l'Europe. Entre l'Allemagne et la Pologne, les villes de Francfort-sur-l'Oder et Słubice, que je cite souvent, ont trouvé des systèmes. Qu'est-ce que la Transylvanie ? Allez-y et vous comprendrez ce que représentent les Hongrois en Slovaquie. Tout cela existe en Europe, ce qui pose une question fondamentale trop souvent oubliée : celle de la frontière extérieure de l'Europe. Loin d'être une simple question de surveillance, la frontière extérieure de l'Europe, c'est celle de la culture, des savoirs : où sommes-nous ensemble et où ne le sommes-nous pas ?
Quand la rapporteure a énuméré les projets en cours, mon collègue Alain David a demandé : qui le sait ? Je voudrais lui rappeler qu'il va y avoir une école franco-allemande à Zagreb et que nous avons un centre culturel commun à Ramallah. On ne le sait pas toujours, mais il y a des choses remarquables qui se passent dans le monde.