Merci pour votre exposé très clair. Permettez-moi de revenir sur la notion de menace hybride que vous avez utilisée. Celle-ci peut s'illustrer par le village de Sobane-Kou, quasiment rasé et dont les habitants ont été massacrés. Le bilan humain est d'au moins 95 morts, sans compter les dizaines de personnes qui manquent à l'appel.
En 2014, la France s'était engagée avec Barkhane dans une lutte antiterroriste. Le conflit s'enlise et le djihadisme salafiste protéiforme a su profiter de l'engrenage ethnique complexe du Mali pour poursuivre sa macabre entreprise. De plus, la capacité des autorités locales à s'interposer dans cet embryon de conflit ethnique semble faible. L'engagement humain et financier de la France pour l'opération Barkhane est en augmentation constante et pèse désormais significativement sur le budget de nos armées. En témoigne, d'ailleurs, la récente indignation face au manque de solidarité interministérielle vis-à-vis de la prise en charge du surcoût des OPEX.
Le renouvellement du mandat de la MINUSMA fin juin, sur réunion du Conseil de sécurité, n'est pas acquis puisque les États-Unis militent pour son retrait étant donné qu'il s'agit de la mission actuelle de maintien de la paix et la plus dangereuse, avec 177 morts pour des résultats jugés insatisfaisants.
Face à ce constat, quelle analyse portez-vous sur cette dégradation sécuritaire significative ? Quels sont les moyens militaires mis en oeuvre pour adapter notre stratégie à cette évolution de la situation sur place ? Enfin, ne craignez-vous pas un isolement de la France au Sahel, qui la condamnerait à épuiser progressivement ses ressources humaines et financières pour des résultats de plus en plus maigres ?