Une partie des risques et menaces auxquels le dispositif de défense aérienne a vocation à répondre est du ressort de la sécurité intérieure. C'est notamment le cas des menaces qui pèsent sur les sites nucléaires, des risques d'évasions de prison ou, plus simplement, d'une part des dangers liés à la croissance du trafic de drones. Toutefois, la dimension aérienne de la sécurité intérieure mérite une attention particulière.
En premier lieu, pour les forces de sécurité intérieure, les airs représentent autant un espace de menaces qu'un espace de supériorité.
La gendarmerie nationale et la police nationale ont, en la matière, adopté deux approches différentes. Si elles possèdent toutes deux un parc de drones étoffé, sur lequel je pourrai revenir si vous le souhaitez, seule la gendarmerie possède sa propre flotte d'aéronefs, avec 56 hélicoptères.
Ceux-ci participent à l'ensemble des missions de la gendarmerie, le secours à la personne représentant 16 % de son activité. En outre, la direction générale de la gendarmerie nationale compte en son sein deux formations spécialisées dans l'action de l'État en l'air : premièrement, dans le champ civil, la gendarmerie des transports aériens, placée pour emploi sous la responsabilité du directeur général de l'aviation civile ; deuxièmement, dans le champ militaire, la gendarmerie de l'air, qui assure essentiellement des actions de police judiciaire sur les bases aériennes.
La police nationale a, quant à elle, choisi de se doter de pilotes, au nombre de 37, mais ne dispose pas d'aéronefs en propre. Elle loue donc des aéronefs privés. Il ressort des auditions que nous avons conduites que cette solution lui offre, d'après elle, une certaine souplesse concourant à l'efficacité de son action.
En deuxième lieu, l'administration des douanes possède également son propre parc aérien, composé de sept avions Beechcraft entièrement renouvelés, dont le déploiement est en voie de finalisation, ainsi que six hélicoptères, dont cinq en métropole et un aux Antilles. Ces appareils sont principalement dédiés aux opérations aéromaritimes conduites dans le cadre de l'AEM.
Enfin, en troisième lieu, les armées apportent également leur plein concours au volet aérien des opérations de sécurité intérieure.
Permettez-moi de l'illustrer au travers de deux exemples qui nous ont profondément marqués au cours de nos auditions.
D'abord, en métropole, le groupe interarmées d'hélicoptères (GIH). Organisme à vocation interarmées, le GIH a été créé le 5 juillet 2006 et est implanté sur la base aérienne de Villacoublay. Initialement chargé de l'acheminement du GIGN sur les installations nucléaires en cas de menace terroriste, le GIH a vu sa mission évoluer au fil des années. Aujourd'hui, il est essentiellement dédié au transport d'urgence du GIGN et du RAID, comme ce fut le cas à deux reprises cette année lors des événements survenus à la prison de Condé-sur-Sarthe. L'unité réunit des matériels et des personnels issus de l'armée de terre et de l'armée de l'air, avec respectivement cinq et deux hélicoptères Puma, deux appareils étant d'alerte à une heure.
Alors que l'activité du GIH n'a jamais été aussi intense, c'est avec une certaine stupeur que nous avons appris qu'en raison d'un simple blocage financier sur la prise en charge des heures de préparation opérationnelle, le GIGN ne s'entraînait plus avec le GIH ! Cette situation est difficilement acceptable ; nous y reviendrons.
Deuxième exemple : les forces armées en Guyane, qui apportent un appui essentiel en matière d'aéromobilité, sur un territoire recouvert à près de 80 % de forêt, et ne comptant que deux routes, pour une superficie comparable à celle du Portugal, de l'Autriche ou de la Nouvelle Aquitaine.
Dotée de trois Casa, de cinq Puma et de trois Fennec mis en oeuvre par l'escadron de transport 68 « Antilles-Guyane », la base aérienne de Cayenne se trouve au coeur des différentes missions conduites sur le territoire : que l'on pense à l'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage, à l'opération Titan de protection du centre spatial guyanais, parfois renforcée par un DPSA, à la police du ciel, au secours à la population ou, plus simplement, à la protection des approches maritimes, terrestres et aériennes.