Intervention de Danielle Brulebois

Réunion du mercredi 3 juillet 2019 à 11h10
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Brulebois :

Merci, Monsieur le Secrétaire d'État, Monsieur Laurent Hénart, pour votre exposé qui répond déjà à beaucoup de questions et nous laisse entrevoir vos connaissances et votre intérêt pour le fluvial.

Comme vous l'avez dit, Voies navigables de France gère 6 700 kilomètres de voies d'eau et plus de 4 000 ouvrages d'art. Ce patrimoine s'est construit au fil des siècles, de l'Antiquité à l'époque contemporaine. Le premier canal fut creusé en l'an 102. Il y eut ensuite de grands rêves, de grands projets, portés par d'illustres bâtisseurs comme Sully, Colbert, Pierre-Paul Riquet ou encore Freyssinet, qui considéraient à juste titre que l'essor économique d'une nation passe par des voies de communication, en particulier les voies d'eau. Ce réseau, le plus grand d'Europe, est un héritage qui nous oblige.

Vous le connaissez bien, Monsieur Laurent Hénart, à travers vos fonctions antérieures qui vous ont préparé à prendre la responsabilité des missions qui vous seront confiées. Vous aurez ainsi à mener à bien le contrat d'objectifs et de performance (COP) créé par la loi d'orientation des mobilités et qui sera signé entre l'État et VNF pour dix années.

Son premier objet est de faire du report modal un élément clé de la transition écologique. Comme le Président de la République, notre majorité est déterminée à faire face aux graves métamorphoses de notre monde : le dérèglement climatique et la perte de la biodiversité.

Face à ces défis, le fluvial est en mesure d'apporter des réponses. Ce mode de transport est le plus économique, mais il a beaucoup d'autres atouts. Il émet beaucoup moins de gaz à effet de serre que les autres. Un seul convoi fluvial de 5 000 tonnes peut remplacer 250 camions.

Alors que l'hyper-concentration des flux et des populations, comme vous l'avez dit, empoisonne nos grandes villes, le fluvial amène le fret en leur coeur et permettrait de décongestionner nos routes saturées, d'améliorer la sécurité, de réduire la pollution de l'air, les particules fines et les nuisances sonores.

Il favorise aussi un aménagement harmonieux du territoire en y répartissant les emplois et donc la population.

Cependant, malgré tous ces avantages, le transport fluvial reste faible avec 2 % seulement de la répartition modale. Il a connu un déclin important et souffert de sous-investissement chronique.

L'alerte lancée par le conseil d'administration de VNF a été entendue. La hausse de la contribution de l'AFITF a été actée en 2019. Le projet de LOM prévoit une augmentation progressive à hauteur de 130 millions d'euros par an entre 2022 et 2027. Cette augmentation vous semble-t-elle suffisante pour que le fluvial retrouve sa vraie place au sein des transports ?

Alors que le Conseil d'orientation des infrastructures préconise d'engager une politique de dénavigation de 20 % du réseau, ne pensez-vous pas au contraire qu'il faudrait un maillage dense irriguant tous les territoires pour favoriser des hinterlands autour des grands ports, qui sont des portes sur le monde mais sans liaison vraiment structurée avec l'arrière-pays ?

D'autre part, ne pensez-vous pas que nous devrions être plus ambitieux dans nos perspectives européennes ? La France a la chance d'être un carrefour. Sa position géographique avantageuse ne devrait-elle pas nous inciter à développer des corridors européens, un ensemble de canaux, de jonctions de grand gabarit ?

La liaison Seine-Nord Europe est en bonne voie. En revanche, la liaison Rhin-Rhône et donc Mer du Nord-Méditerranée a été abandonnée. Pensez-vous que c'est une chance que nous avons laissé passer ?

Par ailleurs, comment comptez-vous accompagner le développement de l'écotourisme sur les canaux ?

Comment pensez-vous que nous pourrions amplifier nos efforts pour sortir des énergies carbonées en développant le potentiel de la micro-hydroélectricité avec les micro-centrales ?

Et enfin, comment envisagez-vous de mobiliser tous les acteurs au travers du conseil de surveillance que vous avez évoqué ?

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