Monsieur Cellier, sur les fake news, je vais tâcher de vous répondre avec prudence, puisque je me laisse parfois aller à faire des déclarations quelque peu polémiques… (Sourires.)
Le sociologue Gérald Bronner a écrit des choses extrêmement intéressantes sur l'information, les fake news, et la manière dont nous les percevons ; ce qu'il explique permet d'ailleurs de décoder pour une part les phénomènes de radicalisation. Il explique ainsi qu'il ne sert à rien de démontrer aux gens par A + B qu'ils ont tort, mais qu'il faut avant tout les éduquer et développer leur esprit critique.
Pour illustrer son propos, M. Gérald Bronner rapporte les résultats d'une étude sociologique réalisée aux États-Unis dans une secte dont les membres étaient persuadés que la fin du monde devait se produire, disons le 25 janvier 2008. Les auteurs de l'étude sont parvenus à s'infiltrer au sein de la secte, dont les membres se sont tous enfermés dans un bunker, dans les jours précédant cette fin du monde qu'ils attendaient. Or le 25 janvier 2008, la fin du monde ne se produisit évidemment pas, ce qui était la preuve la plus manifeste que leur croyance était fausse. Pourtant, les adeptes de la secte en déduisirent que c'est parce que leur foi était si grande que Dieu avait décidé de sauver l'humanité !
Cette histoire explique parfaitement le mécanisme d'adhésion aux fake news : vous aurez beau expliquer aux gens qui le contestent que les vaccins sont utiles, ils seront persuadés que vous êtes payé par l'industrie pharmaceutique pour les convaincre ; vous aurez beau leur expliquer que 800 études démontrent que l'homéopathie n'est rien de plus qu'un placebo, ils considéreront que ces études comportent des biais scientifiques.
Contre ce type de réactions, l'esprit de rationalité doit s'acquérir à l'école. Le ministre de l'éducation a élaboré un plan très ambitieux qui entend fournir aux élèves une culture générale numérique, qui englobe les problématiques liées aux contenus, notamment la préservation de la vie privée, abordées sous l'angle du sens critique.